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RED ROSE

Un film de Sepideh Farsi

Une histoire d’amour sur fond de révolte populaire. Ou l’inverse.

En 2009, Mahmoud Ahmadinejad est réélu Président de l’Iran. Mais dès le lendemain du résultat des suffrages, une partie de la population crie au scandale et à la fraude. Une « vague verte » s’organise. Au milieu de ce chaos, va naître une histoire d’amour…

En juin 2009, Mahmoud Ahmadinejad est élu une nouvelle fois Président de l’Iran. Le lendemain, presque un an et demi avant les événements aujourd’hui connu sous l’expression « Printemps arabe », s’organisait une opposition à ce régime autoritaire. Le mouvement vert était né, la jeunesse déambulant dans les rues pour clamer sa soif de liberté et sa colère face à une fraude électorale qui ne faisait que peu de doutes. Au cœur de ces manifestations réprimandées violemment par les autorités, des téléphones portables capturaient pour l’éternité cette contestation d’un nouveau genre, laïque et non violente, relayée par les réseaux sociaux. Ce sont ces images immortalisées par les smartphones qui ouvrent "Red Rose", plongeant le spectateur dans une violence abrupte et réelle.

La caméra de Sepideh Farsi va elle se limiter aux quatre murs d’un luxueux appartement, se focalisant sur l’histoire naissante entre un homme et une femme que tout semble opposer. Lui, est résigné, préférant organiser son départ de l’Iran plutôt que de s’intéresser à la révolution en cours ; elle, est plein de fraîcheur et d’énergie, excitée d’être au cœur de ce moment historique. Pourtant, le conflit générationnel va tourner à l’histoire d’amour, d’abord passionnelle avant que l’euphorie ne redescende, la politique prenant le pas sur les sentiments. Le film se construit alors comme un balancier, l’intime de cette relation charnelle subissant inéluctablement chaque secousse provoquée par les agitations extérieures.

Et c’est bien là que réside la force du métrage, dans cette capacité à faire vivre la « vague verte » uniquement à travers une relation sentimentale, préférant faire ressentir les stigmates des chamboulements à ses personnages plutôt que nous plonger au cœur des émeutes. Si les images d’archives et les messages twitter nous rappellent en permanence cette réalité brutale, l’intérieur préservé de cet appartement créé un cadre narratif poignant et bouleversant. Car cette brève liaison est bien un incroyable prétexte pour traiter d’un sujet politique éminemment complexe. Esquissant en filigrane un portrait de la femme iranienne moderne, libre dans sa tête et passionnée, "Red Rose" est également une déclaration d’amour à cette jeunesse qui ose. Un film fort par la portée, subtil par la mise en scène. Une œuvre sans artifice où chaque petit détail de l’image raconte quelque chose. Un grand film !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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