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LES FILS DE L'HOMME

Un film de Alfonso Cuarón

Une image du chaos à la fois efficace et mouvementée

L’humanité est devenue stérile depuis 2009. Alors que l’enfant le plus jeune (18 ans) vient d’être assassiné, un homme se fait enlever par des terroristes dont la leader est son ex-femme, qui lui proposent une mission capitale pour la survie de l’humanité…

On était forcément intrigué par l'idée de voir ce qu'Alfonso Cuaron, réalisateur de "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" et "Y tu mama tambien" pouvait faire d'un scénario futuriste où l'humanité est devenue stérile, et où le plus jeune enfant à près de 18 ans. Le résultat est là et il est simplement brillant. Non content de créer un univers pas si lointain (nous sommes en 2027), où les avancées technologiques semblent crédibles (écrans publicitaires sur les bus, design un peu plus novateur des voitures...), il met aussi en image le chaos d'un monde où l'espoir d'une descendance a disparu.

Dans ce monde, seule l'Angleterre, avec une puissante armée, a su endiguer les pillages et autres phénomènes, grâce à une politique de contrôle stricte de l'immigration. Et Cuaron nous offre une vision assez troublante de cette politique anti-sociale extrême, renvoyant aux images des camps nazis tout en encrant son récit dans des lieux ou modes d'action connus évoquant à la fois Sangatte et la frontière Mexique / USA. Imprégnant littéralement l'écran d'une misère poisseuse inhérente à la ville et au ghetto, contrastant avec le calme apparent de la campagne, il réussit à faire monter l'angoisse, et préfigure l'évolution de politiques sécuritaires aujourd'hui en vogue.

Coté mise en scène, il maîtrise parfaitement les scènes d'actions, faisant preuve à la fois de nervosité et d'efficacité. Il réussit ainsi à nous plonger au coeur d'une terrifiante embuscade et à nous faire vivre un état de guerre civile dans des rues délabrées. Jamais misérabiliste, il sait cependant montrer les corps décharnés et émouvoir par quelques scènes où la musique prend une importance toute particulière. Ses "fils de l'homme" est à coup sûr l'un des grands films de cette fin d'année 2006. Une oeuvre coup de poing, à ne surtout pas manquer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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