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L'ARNACOEUR

Un film de Pascal Chaumeil

Diablement séduisant

Être briseur de couple professionnel est tout un métier. Accompagné de son équipe (sa soeur et son beau frère), chargés de la logistique, Alex remplit ses contrats à la perfection, libérant à coups de larmes et de romantisme, les femmes les plus malheureuses en ménage. Mais un jour, à cause d’ennuis d’argent, il se trouve contraint d’enfreindre leur règle d’or et de s’attaquer à une femme heureuse, sur le point de se marier quelques 10 jours plus tard…

Autant le dire tout de suite, cela faisait bien longtemps qu'une comédie française n'avait pas réussi à provoquer chez un membre de la rédaction un réel plaisir. Alors ne boudons pas celui-ci et laissons nous aller à encenser cette comédie aussi maline que son actrice principale, au tournage de laquelle d'évidence, l'ensemble du casting a pris lui aussi un certain plaisir. Car outre un scénario inventif, l'atout principal de « L'arnacoeur » réside dans sa troupe d'acteurs, chacun ayant su s'adapter au rythme enjoué de ce conte de fée. Romain Duris incarne l'homme sensible, mais inaccessible, toujours étrangement similaire à ses proies, qui reconnaissent en lui une âme perdue comme eux. Julie Ferrier est la soeur, chargée de l'intendance, aux idées d'arnaques dépassant souvent l'entendement (voir l'allusion au coup de Marineland...) et véritable caméléon. François Damiens est le beau frère, obsédé sexuel, chargé de la technique, mais qui aime à entrer dans des rôles improbables (le plombier polonais maladroit: un grand moment !).

Toute cette équipe s'affaire donc autour d'une proie. Et quelle proie ! Vanessa Paradis, plus star que jamais, incarne avec justesse une femme établie, prête à s'installer avec celui qu'elle aime. Insensible et distante (on se régale de ses efforts pour semer Romain Duris, devenu un prétendu garde du corps), elle va peu à peu révéler ses failles au travers de défauts mineurs et anecdotiques savamment exploités par ses poursuivants: le roquefort au petit déjeuner, l'amour de Wham et de « Dirty dancing ». Le scénario rebondit sans cesse, disposant d'une idée à la minute, et il faut l'avouer: plus c'est gros, plus cela fonctionne. Bref, de quoi passer un merveilleux moment, non exsang d'émotion, puisque derrière la comédie se cache toujours les mêmes questions : est-ce bien là le bon (choix) ? Doit-on suivre sa raison ou ses élans ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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