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ZIG ZAG

Un film de Frederik Du Chau

Une histoire de différences pas vraiment différente

Oublié par un cirque sur une route du Kentucky, un bébé zèbre est recueilli par un agriculteur et sa fille. Tout en grandissant, il fait la découverte de l’hippodrome jouxtant la ferme où il réside désormais. Les courses hippiques s’y déroulant l’émerveillent et il se met alors dans la tête de devenir un grand cheval de course ! Mais malgré un potentiel évident, le zèbre aura beaucoup à faire pour parvenir au bout de ses rêves…

Avec un tel récit, on se doute bien que ce film ne brille pas de par son originalité. En effet, on ne compte plus les histoires portées à l’écran comportant des animaux à la langue bien pendue, et ce comme métaphore aux rapports humains (merci Monsieur de La Fontaine !). Et dans le cadre d’une production américaine visant clairement un jeune public aurons nous droit au thème récurrent des différences entre individus, et le fil conducteur du récit se posera justement sur un personnage qui parvient à abattre ces différences.

Ainsi, le jeune zèbre persuadé d’être un cheval comme les autres, cherchera à s’intégrer dans un groupe qui le rejette et lui fait comprendre sa différence. La fin, on s’en doute alors, mais ce n’est pas tant celle-ci qui importe car, à la manière d’un roman d’apprentissage, c’est le chemin parcouru qui prime, et non la finalité. Et en l’occurrence, ce qui est important c’est la façon par laquelle le héros apprendra à s’accepter et à se faire accepter par les autres.

Ainsi peut-on qualifier en quelque sorte cette histoire de parabole contre tous racismes, tant il est vrai que dans le monde des courses, la race et la lignée des montures ont une importance capitale pour les écuries et les bookmakers. Du coup, si le plus inattendu des équidés vient à battre ces étalons au sang noble, c’est tout le fondement de cette supposée noblesse et différence qui sont remises en cause.

Mais loin de traiter particulièrement ce sujet, le film laisse cette morale en arrière plan, car c’est avant tout à un film divertissant auquel nous avons droit. Certes, on ne peut blâmer le film sur ce point car tout en divertissant, il véhicule dans l’esprit de nos têtes blondes une idéologie des moins néfastes. D’autant qu’en l’appliquant à des animaux, cette histoire prend tout de suite une dimension universelle.

Mais comme indiqué précédemment, c’est aussi là d’où provient son plus grand défaut qu’est le manque d’originalité. Car à défaut d’une esthétique et d’une représentation vraiment nouvelle, ce film ne sort pas vraiment du lot des films pour enfants, et à plus d’une reprise, on surprend le récit lorgner sur d’autres scénarios, notamment celui de Babe.

Pas d’extravagances donc, mais un classicisme certes parfaitement maîtrisé. Propre et irréprochable, Frederik Du Chau nous livre une réalisation efficace, les acteurs (humains) bien que peu présents se défendent bien, et la photographie rend parfaitement de magnifiques paysages du Kentucky (bien que le tournage se soit déroulé en Afrique du Sud). Quant aux véritables premiers rôles, ils représentent la plus grande réussite de ce film. Tenus par des animaux très bien dressés et complétés par des effets spéciaux plutôt impressionnants d’autant qu’invisibles, le résultat est bluffant et c’est sans doute sur ce point que le film pourrait faire parler de lui.

On se prend alors à croire à l’existence de ces animaux qui parlent, car de plus, la production a mis les moyens sur le doublage. Et comme c’est devenu une coutume outre-atlantique pour tout film d’animation (ce que Zig-Zag n’est pas au sens strict), les personnages se voient attribués des voix de stars (ce qui n’est pas toujours une réussite), et ce dans le but non avoué d’attirer un public de film « live ». Ainsi, en VO, retrouvons-nous Dustin Hoffman, Whoopi Goldberg, Joe Pantoliano et même Snoop Dogg !

Et en France, nous ne sommes pas en reste et la distribution a été laissée à la crème des doubleurs : Marie-Christine Darah (la voix française de Whoopi Goldberg), Daniel Beretta (la voix française de Arnold Schwarzenneger), Richard Darbois (la voix française de Patrick Swayze) et Emmanuel Curtil (la voix française de Jim Carrey.) Et, à la manière de Disney ou Dreamworks, la production est allée nous chercher des « stars » françaises afin de pouvoir les mettre en haut de l’affiche. Mais semble-t-il que tout le budget du doublage soit passé dans la poche des célébrités américaines, car dans la version française, on ne peut pas dire que les acteurs de renoms se bousculent. Ainsi participe Dominique Pinon, qui, dans un petit rôle, passe complètement inaperçu (dommage …) et Gérard Klein, qui surprend vraiment de par la justesse de son jeu. On n’aurait pas trouvé mieux, semble-t-il …

Mais ce casting souffre d’un gros problème que l’on peut définir comme le suivant : Gregory Lemarchal et Lucie Bernardoni. En effet, sans doute afin d’attirer ados et pré-ados, la production semble avoir trouvé juste d’embaucher les 2 finalistes de la Star Ac’ 4 ! Inutile de dire que le doublage sonne faux ! Avec sa voix sans puissance et son jeu ridicule, on se demande vraiment ce que vient faire ici Gregory Lemarchal en incarnant un zèbre déterminé et combatif. Même remarque pour Lucie Bernardoni, mais de manière moins flagrante puisque moins présente dans le film. Reste que lorsque les 2 personnages auxquels ils prêtent leurs voix se retrouvent en conversation, c’est à mourir de rire ! Et on ne peut s’empêcher de se rappeler la prestation désastreuse d’Emma Daumas dans le film Bob l’Eponge qui avait fait parler d’elle chez ses fans. Espérons que la déferlante Star Ac’ se cantonnera à l’avenir au simple milieu (supposé) musical et qu’elle arrêtera de venir salir les plates-bandes du doublage, dont elle parvient à saccager tout le travail d’un casting de professionnels.

Reste qu’en faisant abstraction de ce point (mais cela risque d’être dur), les plus jeunes voire mêmes leurs aînés seront ravis, et leurs parents, quant à eux, passeront un agréable moment !

Olivier BlondeauEnvoyer un message au rédacteur

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