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DISCOUNT

Un film de Louis-Julien Petit

La grande (re)distribution

Dans le nord de la France, les magasins « Discount » vont bientôt s’équiper de caisses automatiques. Cette innovation implique le licenciement de quelques employés. La direction décide alors de mettre ses salariés en compétition pour ne garder que les plus rentables…

Genre très prisé outre-Manche, la comédie sur fond de crise économique connaît régulièrement de grands succès. « The full Monty », « Les Virtuoses » ou plus récemment « Pride », tous évoquent la misère sociale estompée par une valeur profondément humaine : la solidarité. Ce beau sentiment communautaire, c’est l’essence même du premier film de Louis-Julien Petit, un portrait doux-amer d’une société qui casse les prix aux dépens de ses salariés payés au rabais.

Une politique sociale misérable pour vendre plus aux gens miséreux, telle est la devise officieuse des supermarchés Discount. Ici le moindre bénéfice justifie les pires dérives. Travailler debout pour gagner quelques secondes sur un encaissement. Avoir un temps imparti pour aller aux toilettes (30 secondes pour les garçons, une minute 15 pour les filles). Se faire licencier pour faute grave pour avoir dérobé un simple coupon de réduction. Jeter les marchandises comestibles invendues. C’est cette dernière aberration (courante dans le monde de la grande distribution) que Gilles, Christiane, Alfred, Emma et Momo vont détourner à leur profit en récupérant les produits et en ouvrant un marché clandestin solidaire où ils pourront les revendre.

Énergique et spontané, « Discount » fait la part belle à ses personnages. Tous connaissent une réelle détresse pécuniaire et sociale, mais le film ne les accable pas dans leur déprime. Au contraire, il révèle toute la fraîcheur de leur amitié. Loin de tomber dans des excès de compassion, la caméra pose un regard tendre et sincère sur ces hommes et ces femmes qui, malgré les risques, réussissent à créer un circuit de distribution alternatif. Le film développe alors un sens de l’optimisme nécessaire, en mêlant habilement humour et instinct de survie.

« Discount » dénonce avant tout un système et non une hiérarchie. Pour éviter le clivage simpliste du mauvais patron contre les gentils salariés, le film s’arrête régulièrement sur l’intimité de Sofia Benhaoui, la gérante du magasin. Cette femme discrète autant que disciplinée, vit seule avec sa mère obsédée par le fait de lui trouver un mari (détail qui à ses yeux est plus honorable que d’avoir une bonne situation). Sofia est une battante, sa réussite c’est son intégrité. Elle n’est néanmoins qu’un pion dans la grosse machinerie Discount qui formate ses franchisés avec des tutoriels pour bien savoir virer un employé et leur fournit des affiches de bananes pour que le petit personnel n’oublie pas de sourire aux clients.

Enfin comment ne pas être séduit par la cordiale authenticité des clients de nos héros. Une foule de gens avec peu de moyens mais qui ont néanmoins de petites exigences. Du cappuccino, des légumes frais et surtout… du tarama ! Les liens qui les unissent à nos cinq distributeurs clandestins sont avant tout sociaux et bienveillants avant d’être économiques. Pour eux le plus important est de pouvoir vivre ensemble plutôt que de survivre « Discount »… Un film solidaire qui fait chaud au cœur, tout simplement !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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