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LA PETITE CHAMBRE

Avant la mort : la fin de vie…

Edmond, un octogénaire de plus en plus dépendant, est conduit par son fils vers une maison de retraite. Mais Edmond n’en veut pas, il veut continuer à pouvoir vivre dans son chez-lui, avec ses plantes, ses vieilles photos jaunies et son infirmière à domicile, Rose, touchée récemment par un drame familial…

Le grand retour de Michel Bouquet sur les écrans de cinéma se fait dans un joli petit film réalisé par deux Suissesses et dont c’est le premier long-métrage. « La Petite chambre » est en fait la pièce d’un appartement de Lausanne : la chambre d’un enfant mort-né. Celle que Rose, la mère, avait tout spécialement préparée en vue de l’arrivée du bébé et qu’elle ne veut plus ranger, ne peut plus ranger, ayant dû se séparer de son enfant mort pendant la grossesse.

N’ayant pas pu donner la vie à l’enfant qu’elle a porté pendant 8 mois, Rose se sent soudain en charge de la mission de sauver le vieil Edmond dont elle s’occupe quotidiennement, étant infirmière à domicile. En cette personne âgée, fragile et gâteuse, Rose voit certainement l’image d’un enfant qu’elle doit prendre sous son aile. Et c’est exactement ce que recherche à éviter le vieil Edmond, refusant le placement en maison de retraite, anti-chambre de la mort, alors qu’il voit bien qu’il commence à devenir de plus en plus dépendant et que son fils doit partir pour l’autre côté de l’Atlantique.

« La Petite chambre » est d’abord un film sur la vie, la mort et le deuil : celui d’une mère orpheline de son bébé et celui d’Edmond au crépuscule de sa vie. Cette petite chambre, au final, c’est celle de l’enfant mais aussi celle de la personne âgée à qui on prédestine une retraite dans une petite chambre (cellule ?) d’une maison médicalisée. Le film, enfin, traite de la fin de vie et porte un regard sur notre rapport à nos aînés, à la vieillesse, à la dépendance et au maintien à domicile, grandes causes nationales dont se sont récemment emparées nos politiques. Il faut dire que ces sujets seront de plus en plus d’actualité, la population vieillissant.

Pour incarner Edmond, ce senior bourru et attachant, le choix de Michel Bouquet se révèle idéal. Cinq ans après « Le Promeneur du Champs-de-Mars », il signe son grand retour et nous rappelle combien son talent est immense. Face à ce mastodonte, Florence Loiret-Caille n’a pas à rougir. Dans la scène de dispute avec son mari (Eric Caravaca, toujours impeccable), elle dégage une émotion brute, intense, campant de manière très crédible un personnage borderline, perdu, entre folie et générosité. Le duo fonctionne à merveille et c’est là l’atout majeur de ce joli petit film digne et sensible.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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