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LE VOEU DE JOEY

Un film de Jon Gunn

Les liens du cœur contre les liens du sang

Deux policiers frappent à la porte d'une maison. L'homme qui leur ouvre est totalement ivre. Les policiers demandent à entrer étant donné qu'ils ont été appelés pour un cas de violence domestique. Sa femme les rejoint à la porte. Elle a le visage complètement meurtri… 7 ans plus tard, Wendy Porter vient chercher son mari, Rip, à sa sortie de prison. Il a l'air complètement changé et apaisé. C'est alors que Wendy lui avoue qu'elle est tombée enceinte avant son arrestation et que, ne pouvant subvenir à ses besoin, elle a dû donner l'enfant à une famille adoptive. Dès lors, tous deux se mettent en tête de récupérer le petit…

Sortie en DVD le 7 mars 2012

A la vue des images relatant les trois premières lignes du résumé, on sent déjà notre poitrine se serrer. Avec son grain d'image et sa façon de filmer la classe ouvrière américaine, qui rappelle fortement le poignant "Gone Baby, Gone", c'est certain, "Like Dandelion Dust" montre un gros potentiel dramatique. C'est sans compter le poignant sujet du film et le terrible dilemme qu'il impose au spectateur: un enfant qui a été adopté peut-il être récupérer par ses géniteurs au dépend de la cellule familiale à laquelle il a été habitué ?

Jon Gunn met en parallèle deux familles aux antipodes: celle complètement fauchée tentant de reconstruire un équilibre avec un mari en proie aux démons de l'alcool, et celle à l'abri du besoin avec un mari influent et riche. Cela dit, Gunn parvient à éviter les clichés de manière tout à fait admirable. Il filme le désarroi de ces deux foyers se déchirant pour le petit Evan sans jamais prendre parti. Leurs réactions sont à la mesure de leur détresse. Ils sont aux abois, ne réfléchissent pas, et fatalement, commettent des erreurs. Et que dire du jeu sidérant des quatre acteurs qui nous offrent chacun des performances aussi saisissantes que bouleversantes (Barry Pepper en tête) ? L'humanité transpire de la pellicule et ça touche en plein cœur.

Bref, Gunn expose si bien les arguments respectifs des Porter et des Campbell qu'il est difficile de prendre parti pour l'une ou l'autre des familles. Du coup, ce déchirant dilemme devient alors notre propre dilemme comme si nous étions un jury qui devait statuer sur la situation. Très vite, on est tiraillé par la raison (laisser ce petit bonhomme aux parents qu'il a toujours connu) et l'émotion (donner l'opportunité à une famille de se reconstruire dans un équilibre sain). Finalement, on se retrouve happé par ce drame dont on se questionne constamment sur l'issue.

Enfin, "Like Dandelion Dust" c'est surtout une musique envoutante lors des passages idylliques et qui prend aux viscères lors des scènes dramatiques. La photographie est tout aussi sublime. Elle s'assombrie lorsque l'on suit les Porter et s'éclaircit lorsque c'est au tour des Campbell. Bref, d'un point de vue technique, c'est un sans faute qui met tout en œuvre pour nous emporter dans ce douloureux dilemme et c'est tout en émoi que l'on sort du cinéma.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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