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DIAMANT 13

Un film de Gilles Béat

Roman de gare

Mat est flic à la 13ème division nuit de la police criminelle. Personnage insubmersible et solitaire, attiré par les abysses, hanté par ses fantômes, Mat a depuis longtemps perdu l'illusion que la vie est peut-être ailleurs... Jusqu'au jour où son destin bascule sur un coup de fil de son vieil ami Franck, qui lui propose un plan. LE plan. Un détournement d'argent sale et facile, un coup forcément parfait. Tellement parfait que Mat se retrouve bientôt obligé de démonter, entouré d'un carré de dames qui vont de pique à cœur, les rouages d'un système corrompu qui coûtera la vie de son seul et unique ami...

On s'attendait à un polar solennel et habité, une fresque noire dans la lignée des films d'Olivier Marchal (ici acteur), une plongée sans fard dans l'enfer de la corruption et du trafic de drogues... Et l'on avait bien tort ! Car si "Diamant 13" en a, sur le papier, la forme et le fond, c'est plutôt à une petite série B policière que nous avons ici affaire, sorte de déclinaison cinématographique des romans de gare ricains et des adaptations BD de Nestor Burma par le grand Tardi.

Flic/détective traînant sa désinvolture en imperméable gris (Depardieu, entre le je-m'en-foutisme des "Astérix" et la fureur contenue de "Vidocq"), femme fatale vénale et idiote aux dialogues sibyllins (Asia Argento, aussi mauvaise que dans les nanars gores son père), inspecteur des stups corrompu et en fin de vie (Olivier Marchal, égal à lui-même), partenaire intègre et fidèle (Anna Coesens, la seule qui s'en sort vraiment), boss de la pègre mystérieux et cabotin (Aurélien Recoing, qui s'amuse comme un fou dans un rôle bien caricatural)... tous les personnages clichés du film noir sont réunis autour d'une vague intrigue de trafic de cocaïne et de vengeance personnelle, plus prétexte à un sympathique film du samedi soir qu'à une véritable œuvre policière et documentée.

Ancien prodige du cinéma français ("Rue barbare", c'était quand même il 25 ans), reconvertit dans le téléfilm et la série, Gilles Béat emballe le tout avec une amusante décontraction, passant outre les aspects télévisuels de sa mise en scène avec un bel entrain, alignant les dialogues savoureux, les empoignades musclées et les exécutions violentes (que de morts tués d'une balle dans la tête !) avec un certain savoir-faire et un plaisir non feint. On est certes loin des chef-d'œuvres de Melville ou de Marchal, mais ce "Diamant 13" rigolo et désinvolte se savoure comme une sympathique récréation. C'est toujours ça de pris !

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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