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MALABAR PRINCESS

Un film de Gilles Legrand

Emotion et beauté des paysages

Alors que sa femme a disparue dans la montagne quelques années auparavant, un homme ramène son fils vers le grand-père maternel. Celui-ci va tenter d'effacer la détresse psychologique de son petit-fils, toujours persuadé de l'existence de sa mère. Une fixation qui le conduira à commettre de nombreuses bévues, rouvrant les blessures du passé, cachées dans les crevasses du glacier…

Ce film, première réalisation de Gilles Legrand, producteur français de nombreux succès tels que Ridicule, ou La Veuve de Saint-Pierre, se déroule entièrement dans la vallée de Chamonix, se servant des décors naturels, d'hiver comme d'été, de ce magnifique coin de France. Si le sujet ne prête pas à rire, avec un jeune garçon perdu dans ses rêves, et notamment celui de retrouver sa mère, il amène de magnifiques moments de poésie et de tendresse lorsque celui-ci se confronte à son grand-père interprété par un formidable, comme à l'habitude, Jacques Villeret.

Juste, sobre, bourru et tendre, il remplie parfaitement le rôle de ce montagnard qui vit proche de la nature, bercé par la montagne, hanté par un drame auquel il ne laisse que peu de prise. L'enfant, comme dans bon nombre d'œuvre de ce style, va servir de catalyseur pour permettre au vieux bonhomme d'aller de l'avant. Mais là où le film innove, c'est que le jeune garçon reste fixé sur son but, repartir explorer la montagne et son glacier afin de retrouver sa mère disparue mystérieusement, comme si rien ni personne ne pouvait l'écarter de son projet.

Et c'est avec un regard des plus cartésien et une approche scientifique ( à ce propos il faut voir son test de résistance au froid sur des poules qui n'en demandaient pas tant) qu'il avance dans une enquête où se mêle sa naïveté et son étonnement. Cet enfant, plein de fraîcheur, vient à titiller les ombres secrètes des adultes et de ceux qui ont vécu de près ou de loin cette tragédie. Seule une maîtresse d'école à l'esprit ouvert et un de ses camarades de classe, l'aideront dans sa quête impossible.

Un des autres aspects sympathiques de ce film, réside dans ses décors naturels et ses paysages grandioses dès que le regard de la caméra se pose sur la montagne. Des sommets enneigés, aux crevasses sans fin, des verts pâturages aux chemins escarpés, rien ne nous est caché et c'est donc avec grand plaisir que le spectateur plonge son regard dans ce film. Mais à travers cette esthétique visant à impressionner le spectateur, le réalisateur ne perd pas de vue que la volonté de l'enfant va amener les adultes à se redécouvrir, à se livrer, vidant ainsi les lourds secrets qui les rongent depuis des années.

Le propos du film et sa conclusion, entraînent le spectateur et les personnages vers le travail de deuil, pas plus aisé à faire chez les enfants que chez les adultes. Alors si on pourrait reprocher au film son style télévisuel et les quelques raccourcis scénaristiques ou les pistes à peine effleurées, se serait faire fi des nombreuses qualités de cette première œuvre. Une bonne surprise donc, que ce Malabar Princess, où l'émotion et la beauté des paysages se fondent par instants en une seule et même entité, avec une mention spéciale au jeune acteur interprétant de manière magistrale le rôle de cet enfant perdu à la recherche de sa mère.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

COMMENTAIRES

hervé

samedi 5 octobre - 1h01

Filmé au Val Montjoie (saint Gervais- Contamines Montjoie) et non dans la vallée de Chamonix....D"accord avec tout le reste sans réserve....

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