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LES DISPARUES

Un film de Ron Howard

Retour vers le grand western !

Au sud des Etats-Unis, une femme médecin voit débarquer, un soir d'hiver, un homme étrange qui se prétend être son père, celui-là même qui l'avait abandonnée 30 ans plutôt. Quelques jours après l'avoir chassé, son compagnon est assassiné et sa fille aînée est enlevée par des déserteurs indiens. Elle va devoir alors fait confiance à cet homme et partir à la poursuite des kidnappeurs, d'autant ce prétendu père a vécu avec les Indiens pendant toutes ces années. Un voyage qui leur permettra de se retrouver, mais qui leur coûtera plus que la vie…

Ce film est une pure merveille. Quand on pense aux ingrédients d'un bon western, on les retrouve presque tous ici sur un sujet maintes fois évoqué. Ce nouveau film de Ron Howard (Apollo 13, Un homme d'exception) attire le spectateur dans un monde trouble, où les blessures physiques ne sont que les seules qui peuvent cicatriser. Le père qui revient de manière fantomatique vers sa fille apporte une touche presque fantastique au film. Une impression qui se voit renforcée lors de scènes magnifiques de chamanisme entre les personnages, où le mysticisme n'est jamais caricatural mais dégage une véritable force.

Tommy Lee Jones est impressionnant dans son rôle de père déchu qui a suivi sa voie, ce que son esprit lui avait dicté. Il ne demande pas un quelconque pardon, et continue en fait à se chercher en aidant sa fille et ses petites filles. D'ailleurs le personnage de Cate Blanchett est presque plus trouble que celui de son père car elle a enduré durant sa vie, la disparition de son père, une mère déprimée, un viol qui engendra sa première fille et un mariage raté pour la seconde. Mais elle paraît plus sereine et volontaire surtout qu'elle ne veut en aucun cas perdre une fois de plus un de ses êtres chers. Son père est une icône qu'elle a adulé jusqu'à la mort de sa mère et qui par la suite est devenu un fantôme néfaste dont elle ne veut plus entendre parler. Cette situation qui l'oblige alors à s'allier avec lui paraît des plus antinomique, mais elle sert de révélateur et de parcours d'absolution pour les uns comme pour les autres.

Si le film est un formidable voyage introspectif, il l'est aussi pour ce qui est des décors. Un pays couvert par endroits de plaques de neige, en passant par de grandes étendues vertes, pour finir dans les canyons rocheux, rien ne nous est épargné. D'ailleurs il se dégage comme une certaine unité au travers de tous ces lieux, comme s'ils reflétaient le cheminement de l'esprit des personnages. Des étendues arides aux roches escarpées, jamais les lieux ne semblent accueillants, toujours secs et durs, signifiants l'extrême dureté du pays dans lequel ils vivent. A cette image, à plusieurs reprises les personnages sont à deux doigts de jeter l'éponge et de rebrousser chemin, car les pertes s'annoncent de plus en plus importantes. Mais c'est l'obstination de cette femme et le courage qu'elle dégage qui force son père à continuer le combat.

En fin de compte un film sur lequel souffle un vent glacial de grâce et d'âpreté. Un western à taille humaine, aux accents fantastiques et à la fois plein d'humilité grâce aux acteurs et au réalisateur. C'est épique par moment, souvent très émouvant et plein de belles images simples mais tellement persitantes. A voir d'urgence.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

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