Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

ANTHONY ZIMMER

Un film de Jérôme Salle

La mort aux trousses

Génie de la finance criminelle, Anthony Zimmer est recherché par toutes les polices du monde. Personne ne sait à quoi il ressemble, mais dans la course qui oppose ceux qui veulent le coincer, Akerman, un flic d'exception, possède une longueur d'avance : il sait que Zimmer prendra tous les risques pour revoir Chiara…

Dès la première séquence, Jérôme Salle donne le ton ouvertement référentiel de son premier film : suivant les jambes (sublimes) de son héroïne arpentant le bitume jusqu'au train qui l'emmène vers Nice, il s'inscrit délibérément dans une filiation hollywoodienne conjuguant fantasme et mystère, le tout nappé d'une musique inspirée de celle composée par Jerry Goldsmith pour Basic Instinct... elle-même imprégnée des partitions de Bernard Hermann pour Alfred Hitchcock !

Le spectateur est donc ici en terrain connu, dans un film de genre entremêlant thriller chic (voire luxueux avec palaces, riviera et tutti quanti...) et love story entre deux êtres que tout sépare. Car entre Chiara (Sophie Marceau, surprenante et convaincante), femme fatale fuyante, manipulatrice dictant sa loi et ses désirs, et François (Yvan Attal parfait en quidam bientôt métamorphosé en héros), homme ordinaire fasciné par cette femme à l'impérieuse séduction, va se jouer une partie de poker menteur où chausse-trappes et faux-semblants pimentent l'affrontement avant que les sentiments ne renversent les certitudes et inversent le cours de la manipulation.

Cependant, avant qu'ils ne se reconnaissent, il aura fallu résoudre l'énigme Anthony Zimmer, figure absente mais omniprésente dont chacun ignore à quoi il ressemble, escroc de haut vol de la finance internationale recherché par toutes les polices du monde et particulièrement par Akerman, un flic tenace interprété avec une belle justesse par Sami Frey.

Mensonges, simulations et trahisons sont ainsi au menu de ce film élégant, au néo-classicisme sans fausse note, qui plonge un anti-héros dans le bain révélateur de la passion destructrice. François Taillandier, entraîné malgré lui dans une histoire qui le dépasse, leurre parfait pour brouiller les pistes, rêve d'abord les yeux grands ouverts face à cette femme trop belle pour lui avant de sombrer dans un cauchemar, pris au piège dans les filets de la belle, et surtout traqué, à son effarement total, par des tueurs sans états d'âme.

On se gardera de dévoiler l'épilogue de cette histoire truffée de pièges identitaires mais, après une encourageante entame où Jérôme Salle fait preuve d'un indéniable sens du rythme et d'un brio dénué d'effets spectaculaires, le film emprunte des chemins trop balisés pour séduire un public maîtrisant les codes du genre. Faute d'un scénario à la hauteur des louables ambitions retorses du réalisateur, le film glisse peu à peu dans un suspens vain et décoratif, cultivant le secret pour maquiller le vide de son propos. Si bien que la scène finale, censée lever enfin le mystère Anthony Zimmer, n'atteint pas, loin s'en faut, l'intensité espérée ou la dramatisation attendue au terme d'un récit à tiroirs. Reste une oeuvre qui se regarde sans ennui, mais sans passion, dont la qualité principale est de donner naissance et vie au couple Sophie Marceau-Yvan Attal, duo inédit à l'écran mais parfaitement en osmose qu'il nous tarde de retrouver.

Patrick Beaumont

Le Quotidien du cinémaEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire