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LE TEMPS DES PORTE-PLUMES

Un film de Daniel Duval

Le temps de s'ennuyer ...

Dans les années 50, Pippo, un jeune garçon miséreux, est confié, après l'arrestation de sa mère, à Gustave et Cécile, un couple d'agriculteurs. Dans un contexte complètement nouveau, ce bonhomme de neuf ans éprouvera quelques difficultés à s'adapter, attiré par certains, rejetés par d'autres ...

Il en aura fallu du temps ! 24 ans. C'est l'intervalle qui sépare Le Temps des Porte-Plumes , dernier film de Daniel Duval, de sa précédente réalisation. Certes, le projet a toujours été en tête de celui-ci puisqu'il ne s'agit pas moins d'un film autobiographique, mais à en croire le réalisateur, il lui fallut attendre qu'il se sente prêt. De façon légitime, on s'attend alors à une oeuvre d'une rare maturité. Et pourtant ...

Un garçon à la dérive, une époque aux accents traditionalistes, une éducation stricte, des sentiments cachés mais véridiques ... Difficile de croire que la vague des Choristes ne soit pas passée par là tant ce film échappe avec difficultés aux poncifs de ce genre supposé renouvelé.

Heureusement on nous épargne l'avalanche de bons sentiments faciles et autre excès dramatique propres à une certaine veine pseudo-réaliste française. Mais à force de vouloir éviter quelques clichés, le film oublie de remplacer ceux-ci par quelque chose ...

Malhabilement, le scénario conjugue ainsi sobriété et banalité, et il n'est pas rare de se demander au cours du film où celui-ci veut en venir (et surtout quand il se termine !) Ne parvenant pas à développer des séquences suffisamment longues et bien ciselées pour être significatives, les situations s'enchaînent alors dans un ordre à la logique loin d'être implacable, pour se conclure par une fin alambiquée, laissant croître l'apathie du spectateur pour les péripéties de ces personnages dont finalement il se fiche.

Ces derniers, campés par un casting de renom, ne parviendront pas pour autant à s'attirer les bons sentiments du public. Certes, loin de son répertoire, Jean-Paul Rouve se défend assez bien en incarnant un paysan au grand coeur et Annie Girardot est à l'aise dans son rôle de vielle dame esseulée. Mais, comme bon nombre de personnages secondaires, Lorànt Deutsch irrite en surjouant un énième jeune homme naïf et fougueux (rôle que le cinéma français aime tant à cloner.) Mais portons plutôt la faute sur les dialogues qui, bien que peu nombreux, hument à plein nez le littéraire, détruisant au passage toute spontanéité et crédibilité, ce qui énerve dès lors que le ton tourne au sérieux.

N'y a-t-il donc rien de bon à retenir de ce Temps des Porte-Plumes ? Et bien si ce n'est la réjouissante participation de Denis Podalydès en maître d'école, qui démontre à nouveau l'étendue de son talent, et une bande originale signée Vladimir Cosma qui réalise un joli thème principal, on peut dire que la réalisation plate et uniforme alliée à une direction photo très classique ne relève pas franchement le niveau de ce film vite oublié.

Olivier BlondeauEnvoyer un message au rédacteur

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