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ALMA MATER

Un film de Alvaro Buela

Des routes qui ne mènent nulle part…

Pamela, jeune femme discrète et effacée, mène une existence morne et dévote entre son job de caissière et les sermons religieux auxquels elle assiste quotidiennement. Mais un jour, sa route va croiser celles d’un homme mystérieux qui semble la suivre et d’une prostituée transsexuelle avec qui elle va se lier d’amitié. Elle perd alors peu à peu le contrôle de sa vie si bien réglée…

Que dire de ce triste OVNI cinématographique, dont on ne comprend toujours pas pourquoi il a été sélectionné [aux Reflets ibériques et latino américains 2006], et encore plus surprenant, programmé le premier samedi soir du festival ! Les cinq premières minutes, on peut s’étonner devant ce film qui semble immédiatement sortir des sentiers battus, puis on attend de voir où tout cela va nous mener… et les premiers questionnements passés, l’attente d’un quelconque aboutissement dure, dure aussi longtemps que ces plans ineptes que le réalisateur nous sert à la pelle... Mais la délivrance ne vient pas, et le film demeure jusqu’à la fin un point d’interrogation, entre ennui et envie de rire à force de grotesque.

Car tout est réuni pour un ratage parfait : l’histoire tout d’abord, dont on ne comprend toujours pas le sens. Qu’un film de David Lynch soit incompris par la majorité du public n’en fait pas un mauvais film, soit, mais là où le bas blesse, c’est qu’on se fiche de comprendre ce qui arrive à Pamela, puisse t’elle être enceinte par l’opération du saint esprit ou possédée par le diable. Car ce personnage n’est ni crédible, ni attachant et l’interprétation mono-expressive de Roxana Blanco n’en finit pas d’agacer : yeux vides, bouche mi-ouverte, visage niais. Alvaro Buela est peut-être un fan d’Almodovar, ce qui justifierait la présence elle aussi énigmatique de cette prostituée transsexuelle, qui prend Pamela sous son aile. Mais à bon fan mauvais élève : ce personnage est lui aussi complètement dénué de consistance et reste figé dans une caricature de mauvais goût.

A cette galerie de personnages s’ajoute la tante obèse de Pamela, sa mère autiste, et le fameux inconnu au chapeau…Les dialogues, en plus d’être rares, sont plats, la mise en scène, qui se voulait sans doute originale est prétentieuse et indigeste (toujours ces plans d’une lenteur insupportable), bref, on baille, on rit mais pas devant les scènes se voulant « drôles », et on attend la fin ! Il m’apparaît au final donc regrettable que les programmateurs du festival aient choisi Alma Mater pour représenter les couleurs du cinéma uruguayen, car ce film ne défend pas vraiment une production qui en aurait pourtant besoin…

Delphine MuhlbacherEnvoyer un message au rédacteur

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