Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

ZATOICHI

Sabrons toutes !!

Dans un village médiéval du japon, un mystérieux masseur aveugle, mais virtuose du combat au sabre, débarque au moment où deux bandes de malfrats s'affrontent pour le contrôle de la ville...

Le nouveau film de Takeshi Kitano reprend plusieurs thèmes et contes connus au Japon. Le thème de ce masseur aveugle qui se promène de village en village en défendant la veuve et l'orphelin, tout comme celui du village pris entre deux bandes de truands et qui ne doit son salut que dans un homme mystérieux solitaire et quasi fantomatique. Vous l'aurez bien compris c'est le thème de Yojimbo d'Akira Kurozawa, repris plus tard par Sergio Leone dans son Pour une poignée de dollars. D'autre part il s'inspire de Baby cart dans le style et le graphisme, série mythique de films de sabres japonais des années 70.

Là, le réalisateur ajoute plusieurs sous intrigues à cet affrontement somme toute prévisible. Les deux geishas au passé trouble et aux intentions vengeresses, le ronin à la recherche d'un nouveau maître pour permettre de guérir sa femme très malade, complètent la galerie des êtres dont le destin va être lié au combat final, inévitable. Le personnage de ce masseur gravite autour d'eux avec légèreté et douceur par ses attitudes, le plus souvent répondant par des borborygmes et des petits rires.Et pourtant à chaque fois que cela devient nécessaire il se transforme en un manieur redoutable de sabre autour duquel le sang et les bras sautent dans tous les sens.

Graphiquement ce personnage ressort par rapport aux autres par ses cheveux peroxydés et son costume très commun, comme si le réalisateur acteur avait voulu le sortir du monde dans lequel il évolue. Et à chaque scène où il apparaît les couleurs et les tons sont édulcorés comme pour mieux le faire ressortir sur un parterre souvent couvert de sang après son passage. Ce style très épuré se retrouve aussi dans les combats où il tranche, si l'on peut dire, avec la tendance actuelle du cinéma, où les combats doivent être parcourus de sauts et de techniques très spectaculaires. Ici, les coups portés sont très secs et rapides avec une économie de moyen et de mouvement, le plus simple devenant le plus redoutable.

D'ailleurs un détail amusant parcoure les combats : le sang. Les coups portés et les geysers de sang qui en résultent sont en numérique. Si cela à tendance à ce voir au début, par la suite les yeux s'y habituent et cela renforce l'effet des coups portés par le sabre tranchant. Par contre il y a un point qui nous ramène directement dans les films de Kitano, c'est son humour décalé et semi parodique, qui parcoure ce nouveau long métrage avec quelques très bons moments. Là aussi une galerie de personnages secondaires aux intentions plus comiques sont disséminés dans le film, comme ce joueur qui s'essaye à copier la technique du masseur pour gagner en permanence.

Mais quelque chose ne prend pas, comme si tous les ingrédients ne se mélangeaient pas correctement où si la mélancolie qui se dégage du film atteignait le spectateur bien plus profondément que prévu. Au final le plaisir de voir, un véritable et rare film de sabre japonais est contrarié par un sentiment de déception ou de mélancolie, ceci figurant certainement parmi les but du réalisateur. En cela le film est donc partiellement réussi.

Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire