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THE JACKET

Un film de John Maybury

Un enfermement salutaire

Grièvement blessé en Irak, un soldat américain est devenu amnésique. De retour au pays, il se retrouve accusé d’un meurtre dont il ne se souvient pas et est transféré en hôpital psychiatrique. Là, un médecin va tenter des expériences sur lui, le projetant tour à tour dans son passé, son présent et son futur…

A la lecture du synopsis de cette production Soderbergh / Clooney, on pouvait craindre le pire : les deux compères à la mode du nouveau cinéma hollywoodien allaient-ils nous livrer un énième film sur les conséquences de la guerre en Irak ? Que nenni ! John Maybury va, pour son premier film, faire preuve d’un talent rare et sublimer cette histoire sordide en un magnifique conte fantastique.

L’enfermement se joue ici à tous les niveaux, il s’agit d’abord bel et bien d’un enfermement au sens propre pour Adrien Brody, confiné dans le placard d’une morgue afin d’y retrouver la mémoire. C’est aussi l’enfermement mental qui est le sien quand, toujours prompte à oublier ses « vétérans », l’armée américaine le renvoie dans la rue plutôt que de le soutenir. Mais d’enfermement il est question aussi pour le spectateur. La salle de projection devient également une sorte de prison pour celui-ci, comme enfermé dans un film à l’ambiance très vite captivante et oppressante.

Les codes du fantastique sont ici parfaitement respectés par un réalisateur qui trace bien difficilement la frontière entre réalité et fiction; rêve et vécu; passé, présent et futur. Le spectateur a tellement envie d’y croire, qu’il finit, tout comme le héros, par se perdre dans les chemins tortueux de sa mémoire défaillante. Là encore, la mise en scène est plus qu’à la hauteur, Maybury faisant preuve ici d’une virtuosité étonnante pour un premier film, avec une affection toute particulière pour des gros plans vertigineux et un montage à la « Requiem for a dream » pour les scènes de placard… Un soin méticuleux est apporté aux détails : tendez notamment l’oreille lors des scènes avec Keira Knightley, vous serez surpris…

Cependant, ce film ne serait rien sans l’excellence du jeu de son interprète principal Adrien Brody. Jamais le spectateur n’a le moindre doute quand à sa sincérité, tant ses regards, ses paroles et ses expressions sont justes, concourrant ici encore à donner du crédit, de la crédibilité à ce conte. A ses côtés, chacun des seconds rôles tient sa place avec brio, comme notamment Keira Knightley, ici encore sous exploitée…

Bref, un film dont on se souviendra longtemps, révélant un réalisateur talentueux et confirmant les capacités d’un Brody très ou trop rare sur les écrans… A voir de toute urgence.

Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur

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