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CALENDAR GIRLS

Un film de Nigel Cole

Un sacré morceau de femmes !

Elles sont douze femmes d'âge mûr à faire partie d'une association où on leur explique les secrets de fabrication de la confiture… Jusqu'au jour où le mari de l'une d'elle meurt d'un cancer. Assise dans la salle d'attente sur un sofa miteux, elle a l'idée de récolter des fonds pour permettre un meilleur accueil aux familles qui font face à des cas semblables. Ensemble, elles décideront de poser nues pour un calendrier, dont les fonds permettront l'achat d'un nouveau sofa…

Dans cette brochette de femmes d'âge mûr, Annie est la cause du mouvement (son mari est décédé), Chris en est l'investigatrice (elle lance l'idée du calendrier). Il leur faut alors assumer ce choix, et c'est là que commencent les vraies difficultés. On ressent vite la gêne de ces femmes qui ont passé l'âge des bêtises et des caprices. Ce n'est pas elles-mêmes qu'elles mettent en cause, mais tout un système : le nu fait vendre, utilisons cet argument pour une bonne cause ! Le sujet est bon, le résultat aurait pu être catastrophique, mais c'est avec doigté et tact que le réalisateur Nigel Cole (Saving Grace) parvient à nous émouvoir. On est hilare en voyant les premiers essais photo, on ne peut s'empêcher de compatir à leur gêne lors du déshabillage. L'humour omniprésent amène la légèreté nécessaire pour nous donner une bonne leçon d'humanité sans qu'on s'en rende vraiment compte, et les voir accepter (et s'accepter) fait oublier les quelques longueurs du film.

Le sujet émeut d'autant plus qu'il est tiré d'une histoire vraie, celle de Tricia Stewart et Angela Baker (Chris et Annie dans le film), membres du " Rilstone and District Women's Institute ", une association qui aide à la recherche du bonheur par l'accomplissement et le bien-être. En choisissant de poser nues, elles ne pensaient pas engendrer un tel raz-de-marée. Et c'est bien là le tenant le plus intéressant de ce conte moderne : non pas assister au succès du calendrier, mais voir la réaction de ces femmes face à la réussite du projet, le regard de leurs maris et de leurs enfants. Il est impossible de rester insensible devant le désarroi de cet adolescent, dont la mère est nue sur les murs des chambres de ses copains, ou devant le désarmement de son père, dont la femme ne pense qu'à la tournée qu'elles vont entamer. Le film nous fait rire, il nous fait pleurer, mais surtout il nous fait réfléchir. Jusqu'où sommes-nous capables d'aller pour la bonne cause ? La réponse est simple, et ces femmes l'ont trouvée. Et c'est un réel plaisir de les voir braver les interdits, mettre à la poubelle les ragots et supporter avec fierté le regard des autres.

Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur

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