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NOTHING

Un film de Vincenzo Natali

Bizarre et désordonné

Deux amis cohabitent dans la maison de l’un d’eux, agoraphobe, jusqu’au jour où l’autre décide d’emménager avec sa petite amie. Viré de son travail, jeté par sa copine, il retourne voir son ami, avec lequel il est en train de s’engueuler lorsqu’un représentant de la ville les interrompt, les informant de la destruction prochaine de la maison…

« Nothing » est le nouveau film de Vincenzo Natali, auteur canadien remarqué avec Cube, et réalisateur de l'excellent mais méconnu « Cypher ». Habitué du fantastique, son nouveau récit ne déroge pas à la règle et offre tout bonnement au spectateur comme aux personnages un voyage dans le néant, aux confins de l'oubli. Après une introduction sous forme de mélange de dessins, jeux vidéo, collages, présentant sommairement le passé des personnages, le premier quart d'heure du film approfondit un peu, les représentant comme un naïf persuadé que tout progresse dans le bon sens, et un renfermé ayant peur de tout, même des gamines scouts qui lui viennent en aide. Speedée, cette partie se termines en une scène cacophonique, à la limite du supportable, où la maison est chahutée de l'extérieur, par le passage des camions sur les deux autoroutes qui la ceintures, par les démolisseurs, la police et la mère de la scout, qui tous en veulent à nos anti-héros.

Contrastant volontairement avec le reste du film, elle permet d'introduire l'arrivée du calme absolu, du néant, qui bizarrement, vient entourer la maison. D'un blanc immaculé et de surface légèrement molle, ce que les explorateurs qualifieront dans un dialogue bien senti de « sorte de tofu », ce rien sera le seul décors du reste du film, avec l'intérieur de cette étrange demi-maison qui leur sert de refuge. Réflexion sur la volonté d'affronter ou parcourir le monde, sur l'oubli volontaire du passé ou l'occultation des vraies problèmes, « Nothing » finit tout de même par sembler un peu long. Certains seront séduits par le parti pris absurde du traitement: usage de talky walky pour se parler à moins de deux mètres de distance, photographies au polaroïds du rien tout blanc... D'autres s'agaceront des multiples rebonds sur la surface caoutchouteuse du rien ou du côté régressif de ces trentenaires mal dégrossis que sont les personnages. Il n'en reste pas moins que « Nothing » constitue une expérience cinématographique, basée sur une véritablement « drôle » d'idée.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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