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LE BRUIT DES GLAÇONS

Un film de Bertrand Blier
 

POUR: Petit cancer entre amis !

Un homme rend visite à un célèbre écrivain reclus dans sa maison en pleine campagne. Il se présente comme son cancer…

C’est certainement un film qui va faire beaucoup de bruit, et pas que de glaçons ! Propulsé d’une part par une communication digne d’un navet blockbusterisé d’Europacorp, et d’autre part par un duo adoré par le grand public français, « Le bruit des glaçons » va sans nuls doutes remplir les salles. Malheureusement, ce film n’est pas à mettre devant tous les yeux ! Et pour cause, c’est du Blier ! Une réalisation hors normes, théâtralisée à souhait, des dialogues cyniques et violents, et surtout un scénario noir et complètement barré !

Oui, ce film ne va pas plaire à tout le monde, mais ce film va plaire aux aficionados du réalisateur ! Après un petit écart à sa réputation déjantée au travers du morne « Combien tu m’aimes ? » en 2005, le Blier de la grande époque, le Blier des « Valseuses », de « Tenue de Soirée » et de « Buffet Froid » est bien de retour !

Au programme ? Des répliques mortelles entre un cancer surexcité, joué par le dérangé Dupontel, et sa proie, oscillante entre folie et spleen, incarnée par Jean Dujardin. Mais les seconds rôles ne sont pas en reste non plus, petite mention spéciale pour la jeune Christa Theret, qui, troublante puis attachante, fait le lien entre les personnages et la réalité de laquelle ils semblent tous déconnectés. Mais la puissance du film passe avant tout par l’atmosphère de celui-ci, qui n’est comparable qu’à de précédentes œuvres du réalisateur. Sombre, celle-ci laisse planer un climat de mystère sur le film et les personnages, et offre au scénario un écrin en or pour distiller ce délicieux drame surréaliste. Cependant le point qui risque d’en rebuter plus d’un est le choix de la mise en scène. Dans ce huis clos théâtral, les personnages s’accordent à parler aux spectateurs, comme un acteur de théâtre lancerait un aparté. Les scènes s’enchainent parfois alors sans transition, mais ce choix du réalisateur permet à l’ambiance du film de se tisser et ainsi de dérouter le spectateur…

Mais derrière ce scénario trituré et cet humour noir se cache beaucoup de tendresse. L’amour d’un père, l’amour d’un ancien mari, l’amour d’un nouvel amant, et même une sorte d’amitié avec la maladie personnifiée déposent en filigrane tout au long du film une tendre touche d’optimisme… Ce film est clairement un ovni dans le panorama cinématographique français, et c’est cette singularité qui fait de cette œuvre un film que l’on adore ou que l’on déteste !

Quentin LambEnvoyer un message au rédacteur

Blier adore se jouer des tabous. Avec « Le Bruit des Glaçons », il y avait de quoi s’attendre à une comédie cinglante sur la maladie qu'est le cancer. Un duo d’acteurs prometteur, aux commandes, le réalisateur du « Buffet Froid » et des « Valseuses »… sur le papier, tout y était.

Malheureusement, à l’arrivée, on se retrouve avec des répliques certes, souvent bien tournées, (surtout celles de la rencontre), mais qui sonnent faux dans la bouche des deux compères. On esquisse quelques sourires mais aucune verve n’est présente pour nous faire rire aux éclats. Les punchlines devraient fuser comme sur un ring et pourtant, le rythme n’y est pas. Le tout manque de mordant malgré le fait que Blier ait matière à ne pas y aller avec le dos de la cuillère. Bref, c’est mou et ça ne va pas en s’améliorant par la suite. On est loin de la vivacité de la bande annonce.

Dujardin, en sombre alcoolique cancéreux adorateur de vin blanc ne convainc pas. Il récite ses lignes, mais sans aucune conviction ou émotion palpable. Dupontel se cantonne au jeu plus ou moins cartoonesque qu’il affectionne tant. Et, à vrai dire, ça lui va tellement bien de faire le cancer qu’on n’y fait pas vraiment attention, sauf lorsqu’il gesticule un peu trop à la gueule de Dujardin. Concernant les rôles féminins, ça n'est pas brillant: Audrey Dana et Myriam Boyer sont pratiquement inexistantes. Celle qui s’en sort le mieux est très certainement Anne Alvaro avec son regard de cocker apeuré.

Le pire, et d’ailleurs, le principal reproche qu’il y ait à faire au film, est qu’il est tourné et joué comme une pièce de théâtre. Et le théâtre filmé, sur grand écran, c’est bien connu, ça ne rend pas ! Les séquences s’enchainent sans aucune transition. Et on a même le sentiment qu’elles sont coupées en pleine intensité pour certaines. Ça nous coupe la chique avant de virer au grand n’importe quoi dans une dernière demi-heure poussive, débouchant sur un final un peu facile et vite expédié.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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