Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

WAR ON EVERYONE

De bons ingrédients ne font pas forcément un bon cocktail !

À Albuquerque, au Nouveau-Mexique, Terry Monroe et Bob Bolaño forment un duo de flics sans limites – du moins éthiquement parlant. Les lois ? La justice ? Peu importe ! Pour eux, être flic permet surtout d’arnaquer les criminels pour en profiter à leur tour...

Sortie en VOD le 24 mars 2017 et DVD et Blu-ray le 11 avril 2017

Après "L’Irlandais" et "Calvary", le nouveau long métrage de John Michael McDonagh, présenté dans de nombreux festivals dont Berlin, Deauville et Toronto en 2016, n’a pas trouvé le chemin des salles françaises. Et pour cause : c’est un vaste gâchis ! À première vue, ce pouvait être une alléchante et improbable mixture de "Pulp Fiction", "L’Arme fatale", "Starsky et Hutch" et "Dumb and Dumber" ! On y trouve en effet des dialogues décalés, des personnages un peu benêts ou qui jouent à l’être, une ambiance plutôt 70s, une démarcation floue entre policiers et criminels…

Mais rien ne colle, rien ne fonctionne ! D’abord à cause d’un scénario indigeste, qui se perd dans des circonvolutions idiotes. Ensuite par la faute d’un duo sans âme : on n’adhère jamais au personnage de Michael Peña, dont le charisme de chow-chow dépressif rend inopérant à la fois tout effort d’humour et toute consistance policière, et Alexander Skarsgård, s’il s’en sort mieux dans l’interprétation et la prestance, est incapable de compenser le manque de talent comique de son partenaire. Quoi d’autre ? Un faux rythme, une psychologie des personnages brouillonne, des motivations incompréhensibles de la part de ces derniers, un mélange de tonalités mal maîtrisé… N’en jetez plus !

Le récit part dans tous les sens et on passe son temps à regretter que le potentiel de nombreux ingrédients soit autant gâché. Car objectivement, il y avait de quoi réussir quelque chose de plus substantiel, de plus construit. Esthétiquement, c’est plutôt réussi, mais la beauté des images ou la bonne BO ne peuvent contrebalancer les faiblesses citées plus haut. Quelques rares passages ou répliques font mouche, comme la scène d’ouverture dans laquelle la présence d’un mime trafiquant de drogue laisse de belles promesses. Le personnage de Caleb Landry Jones, qui fait un peu penser au Joker de Batman, aurait gagné à être plus central, alors que celui du méchant en chef, incarné par Theo James, ne convainc guère. D’autres personnages secondaires sont mal exploités, comme ceux de Tessa Thompson, qui sert surtout de resplendissant pot de fleurs dans ce film ouvertement testostéroné, et de Keith Jardine, qui se révèle plutôt bon dans un personnage d’Irlandais qui cumule les tares sous des apparences de criminel musclé.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire