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WALLAY

Un film de Berni Goldblat

Apprentissage

Ady, adolescent de 13 ans issu des cités de Vaulx-en-Velin, est envoyé par son père au Burkina Faso, pour vivre pour l'été chez son oncle Amadou. Ne comprenant pas très bien cet exil forcé, il apprend alors qu'il va devoir travailler pour cet homme, avec les pêcheurs du village, histoire de rembourser sa dette. Mais son oncle compte bien aussi lui faire subir la traditionnelle circoncision...

« On est plus le fils de son époque que de son père ». Ce proverbe africain prononcé par l'un des personnages de "Wallay" résume assez bien l'essence de ce film à la fois rude et terriblement tendre. Car dès les premières images, avant que ne se mette en place le flash-back de 6 mois qui constituera le cœur du récit, on sait déjà que le héros écrira tant bien que mal à ce cousin et cette grand-mère qui lui manquent. Si l'issue de l'histoire est donc partiellement connue (le mystère plane plus autour de la circoncision), c'est ici le chemin parcouru qui compte, comme dans le scénario lui-même.

Gamin des cités, finement typé, baskets voyantes au pied, écouteurs vissés aux oreilles, Ady est confronté aux affres de la vie au bled, entre coupures de courant et douche collective. Il va progressivement apprendre la responsabilité, devant se positionner entre travail mal payé et « business » personnel à base d'affaires qu'il n'a pas payées lui-même, entre tradition et modernité gadget, entre une famille qu'il croit ne pas exister (sa mère est morte) et une famille qui l'accueille à bras ouverts sous réserve de respect et d'honnêteté.

Le metteur en scène, passées les scènes de découvertes insouciantes, proches du documentaire, varie les rythmes lors d'un long trip entre forêt et savane, ajoutant une musique jusque-là quasi absente. À la manière d'un lent apprentissage, le film vise juste, touchant potentiellement un public adolescent peu enclin à être autant passé au crible de regards adultes. Ces regards sont justement ce que l'on retiendra de ce joli film : celui d'un cousin complice et autoritaire, celui d'une grand-mère trop heureuse d'avoir la visite de son « petit mari » (petit blanc), et celui du jeune Ady, évoluant au fil d'un séjour forcé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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