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WAJMA, UNE FIANCÉE AFGHANE

Un film de Barmak Akram

Portait simple et bouleversant d’un pays qui se cherche, entre tradition et modernité

Wajma est une adolescente qui vit à Kaboul, où elle est sur le point de rentrer en fac de droit. Elle sort avec Mustafa, l’un des amis de son frère qu’elle aime d’un tendre amour. Mais lorsqu’elle se retrouve enceinte, son père, démineur dans le sud du pays, va rentrer pour remettre les choses en ordre. Le calvaire de Wajma va alors commencer…

Après un premier long rigoureux ("L’Enfant de Kaboul", en 2009), le touche-à-tout franco-afghan Darmak Akram signe une seconde fiction ancrée dans un réalisme qui est sans doute le résultat d’années passées à réaliser des documentaires (notamment sur la culture afghane). Aussi, inspiré de « plusieurs histoires vraies » (cette précision présente au générique indique que le parcours de son héroïne n’est pas un cas isolé), "Wajma, une fiancée afghane" ne s’enfonce jamais dans un didactisme scolaire, le réalisateur préférant se poser en tant qu’observateur des mœurs de son pays natal plutôt qu’en enseignant ou en juge.

Pour nous plonger dans cette histoire d’amour qui tourne mal, Akram a opté pour une simplicité qui s’avère être l’un des principaux atouts du film. Ici, pas de fioritures ni de tentatives de faire joli mais une préoccupation sincère à filmer les contradictions d’un pays qui essaie de trouver ses marques entre modernité (notamment technologique, avec l’utilisation des téléphones portables), émancipation (l’héroïne s’apprête à faire des études supérieures) et traditions. Dès le début du métrage, quand le frère de Wajna lui assigne le rôle d’apporter de l’eau lors du diner, on comprend que le combat sur la condition féminine en Asie est loin d’être terminé. Le reste du métrage ne démentira pas cette idée que, malgré de véritables tentatives d’avancées vers la liberté, l’Afghanistant est vite rattrapé par ses us et coutumes, surtout quand il s’agit d’honneur bafoué.

Sans manichéisme mais avec une vraie tendresse pour ses personnages, le metteur en scène capte avec énergie et sensibilité la pauvreté qui subsiste via les combats de chien, la cruauté humaine qui cache l’amour et les « petits » arrangements pour garder la tête haute. Hormis la beauté des décors naturels montagneux, c’est l’interprétation habitée des comédiens – pour la plupart non-professionnels – qui épate. Tous servent le film avec discrétion tout en le maintenant dans un réalisme parfois pesant et toujours fascinant par sa capacité à décrire la gaieté de l’amour, la tristesse ou la fureur. Mais ce qu’on retient du film, ce qui laisse son empreinte dans les esprits et en fait toute la force, c’est bel et bien le portrait passionnant d’un pays qui se cherche malgré l’absurdité de son mode de fonctionnement. C’est à la fois beau, terrible et bouleversant.

Christophe HachezEnvoyer un message au rédacteur

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