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UN TIGRE PARMI LES SINGES

Un film de Stefano Incerti

Flambeur au grand cœur

Employé de la fonction publique, Marino Pacileo est chargé de percevoir l’argent des amendes en liquide. Chaque jour, il se sert dans la caisse pour avancer les mises qu’il joue au poker dans l’arrière salle d’un petit resto chinois. Surnommé Gorbaciof, à cause d’une tache de vin sur le front, le fonctionnaire est respecté dans le milieu. Homme taciturne et impassible, il semble hermétique à tous sentiments, et pourtant…

Voici un titre français qui peut sembler surprenant, étant donné que “Gorbaciof” (titre original italien) est somme toute assez universel, malgré la disparité orthographique. Or “Un tigre parmi les singes” résume assez bien la volonté du film, de mettre en avant un homme à part : Marino, alias Gorbaciof. Presque caricatural, le scénario est taillé sur mesure pour la carrure de ce caïd à la petite semaine.

L’histoire est simple, un irascible joueur de poker, solitaire et renfrogné, tombe, contre toute attente, éperdument amoureux. Une trame sans grand relief qui s'essouffle peu à peu pour surprendre avec un final pour le moins inattendu. Néanmoins, l’essentiel du film réside avant tout dans le personnage de Gorbaciof. Un portrait aux lignes appuyées, d’une petite frappe populaire transalpine, reflétant l’image surannée du fonctionnaire véreux, diaboliquement malin et prêt à tout pour s’adonner aux plus bas instincts. Or l’analogie avec les monstres cyniques si chers au cinéma italien d’antan, s’arrête ici, car notre héros a un cœur qui bat… qui plus est pour une jeune asiatique parlant à peine l’italien.

Interpréter Gorbaciof est une entreprise périlleuse, tant le personnage est taillé à la serpe. Incarner un homme d’une telle envergure est un véritable défi de composition qui peut très facilement déraper vers la parodie caricaturale et vulgaire. En résumé, c'est là un rôle en or pour Toni Servillo ! Très grand acteur de théâtre, il est plus connu en France pour être un des acteurs fétiches de Paolo Sorrentino (« Il Divo », « L’uomo in più »). Homme aux mille visages, il s'imprègne de ses personnages comme s'il avait toujours vécu comme eux, au point de changer physiquement. D’ailleurs cela surprend toujours de voir l’acteur au naturel, tant il est différent dans chacun de ses films. “Gorbaciof” apparaît alors comme le film idéal pour décliner toutes les facettes de son talent… à se demander si le film n’a pas été spécialement écrit pour lui. Malheureusement, malgré une fin originale, le scénario n’est pas à la hauteur de son interprète. “Gorbaciof” est donc un film à voir... principalement pour Toni Servillo !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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