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TOUTE PREMIÈRE FOIS

En effet, la "Toute première fois", ça fait mal, sauf qu'ici on n'a pas envie d'y retourner...

Jérémie vient de coucher pour la première fois avec une femme. Le problème, c'est qu'il est sur le point d'épouser Antoine, son ami depuis dix ans...

Pio Marmai nu (dès la première scène, comme ça le cahier des charges est rempli dès le départ), Pio Marmai qui fait un strip-tease, Pio Marmai qui rit, qui pleure, qui doute, qui ment, qui s'en veut, qui avoue, qui assume pas, qui assume, qui s'engueule, qui se réconcilie, etc... C'est donc un Pio Marmai dans tous ses états que l'on retrouve dans une énième comédie française sans beaux lendemains. Au vu de sa filmographie, on peut se demander pourquoi il s'acharne à faire autant de premiers films alors que son talent pourrait l'amener à côtoyer des cinéastes plus aguerris. On attend par exemple sa troisième collaboration avec Rémi Bezançon...

Le postulat de départ offre pourtant un potentiel peu traité au cinéma car suivant une fraîche actualité. Mais cette matière n'est pas exploitée, le film présente des personnages secondaires caricaturaux et des dialogues téléphonés, clichés, et pas drôles. Il y a bien cependant un certain sens de la provocation dans quelques situations et quelques répliques, mais qui font l'effet d'un pétard mouillé. Pire, quand le film se veut impertinent, il bascule tout bonnement dans la vulgarité. Quand le gros connard de meilleur ami veut s'assurer que son poto n'a pas changé de bord, il fait tomber la serviette dans les vestiaires et nous offre un claquement de bijoux nord-sud est-ouest censé émoustiller le principal intéressé... et peut-être le spectateur à qui on ne laissera pas l'élégance de la suggestion puisque ce havre de poésie ne restera pas hors-cadre... Ce même meilleur ami nous donnera par la suite une belle leçon de vie: « Je suis peut-être un connard, mais au moins je sais qui je suis et ce que je veux ». C'est toujours agréable d'imaginer que le scénariste se sente obligé de faire dire ça à un personnage pour que le spectateur n'ai pas besoin de comprendre les choses par lui-même.

Il y a un bruit qui court qui dit que la comédie française va mal. Il y a surtout trop de mauvaises comédies qui viennent faire pencher la balance du mauvais côté. Malheureusement, « Toute première fois » (qui a reçu au passage le Grand Prix du festival de comédie de l'Alpe d'Huez) y contribue généreusement.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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