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THIS IS NOT A LOVE STORY

Une excellente comédie, mais bien plus encore…

Greg et Earl ne sont clairement pas les deux garçons les plus populaires de leur lycée, préférant recréer leurs films préférés chez eux que de parler à leurs camarades. Jusqu’au jour où la mère du premier va l’obliger à parler à sa voisine, une ancienne amie atteinte de leucémie…

Certains films connaissent tous les malheurs possibles pour trouver le chemin des salles obscures malgré leurs qualités intrinsèques. C’est précisément ce qui est arrivé à cette comédie rafraîchissante, longtemps restée sur la fameuse blacklist, ce recensement des scénarios les plus prometteurs dont aucun studio hollywoodien ne veut s’emparer. Il aura fallu quelques personnes (courageuses) inspirées pour se lancer dans cette aventure, auréolée de deux prix au Festival de Sundance et acclamée à chacune de ces projections. Car il y a quelque chose d’incroyablement ambitieux dans cette chronique adolescente sobre et pourtant si puissante : faire rire en traitant frontalement de la mort.

Certes, Hollywood y est déjà parvenu à maintes reprises, avec par exemple "Nos étoiles contraires", sauf que le recours aux ressorts romantiques était presque une situation sine qua non pour détendre l’atmosphère et amener les rires et l’espoir. Comme son titre l’indique, le chemin emprunté sera ici totalement différent. L’histoire est celle de Greg, le garçon banal, pas vraiment bon élève, pas forcément mauvais, qui préfère longer les murs et éviter le réfectoire plutôt que de se mélanger aux autres. Pas besoin, puisqu’il peut compter sur son fidèle Earl, l’acolyte de toujours avec qui il passe son temps libre à refaire le monde et à singer leurs films préférés. Mais lorsque sa mère l’oblige à rentrer en contact avec sa voisine et ancienne amie atteinte d’une leucémie, son quotidien va être bouleversé, et le duo de devenir un trio.

Bourré d’une douce folie et d’un brin d’inventivité jouissif, "This is not a love story" est la rencontre entre l’onirisme de Wes Anderson et le charme du cinéma artisanal de Michel Gondry, une ode décomplexée à la joie et à la liberté. Avec un ton mordant et multi-référencé, le film se construit d’abord comme une pure comédie, pop et rythmée, avec nombre de séquences amenées à devenir cultes. Et, là où la réussite du film est totale, c’est que progressivement les blagues s’effacent, les gags laissent place à une suite plus dramatique sans jamais tomber dans le pathos ou le larmoyant habituel des teen movies. L’association entre ces séquences caustiques et ces moments à l’émotion palpable est ainsi d’une justesse déconcertante, la frontière entre les deux ne cessant de se brouiller pour mieux surprendre le spectateur.

Parer cette petite pépite indé des épithètes les plus grandiloquents est alors très tentant, mais il ne rendrait pas véritablement compte de ce métrage malin et gracieux qui trouve ses grandes qualités justement dans sa modestie affirmée. Par contre, évoquer la prestation des comédiens apparaît comme plus justifié tant ceux-ci crèvent l’écran, en particulier Olivia Cooke dont les vulgaires rôles dans des objets horrifiques ne devraient être que de lointains souvenirs. Vous l’aurez compris, nous ne saurons trop vous conseiller d’aller découvrir sur grand écran cette tragi-comédie des temps modernes à la bande-son électrisante.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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