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THE DUKE OF BURGUNDY

Un film de Peter Strickland

Élégant mais répétitif

Une femme de ménage se rend chez sa patronne, une spécialiste des papillons à l'allure austère, qui aime visiblement constamment rabaisser son employée usant de moyens à la limite de la maltraitance. Finalement, il apparaît qu'il s'agit en réalité d'un jeu érotique entre deux lesbiennes en couple…

Après l'austère mais intéressant "Barbarian Sound Studio", Peter Strickland revient avec une histoire d'amour lesbien sur fond de sadomasochisme consenti au début du XXème. En ne sachant rien de l'histoire, les premières séquences de "The Duke of Burgundy" se révèlent assez étonnantes. Voyant cette femme de chambre se faire malmener avec une telle poigne a de quoi révolter, jusqu'au moment (arrivant probablement un peu vite) où l'on apprend que les deux femmes sont en train de satisfaire un fantasme.

Là où le film devient intéressant, c'est lorsque l'on découvre que ce jeu érotique est en fait dicté en tout point par Evelyn, la femme de chambre soumise, qui va même jusqu'à laisser des notes très détaillées à sa compagne Cynthia. Cette dernière n'est visiblement pas très emballée par cette idée de brimer sa bien-aimée, mais puisque c'est ce qu'il faut pour prendre son plaisir… L'impact érotique est bien présent, même si le mystère de leur relation de dominante-dominée est assez vite révélé.

L'interprétation des deux actrices est vraiment remarquable. Dans cette relation enlisée dans l'unique plaisir déviant de Evelyn, on attend le ras-le-bol de Cynthia, largement annoncé, mais tardant malheureusement à pointer le bout de son nez. Au lieu de cela, le réalisateur britannique préfère s'attarder sur les rituels et les demandes répétées de Evelyn à Cynthia, qui s'exécute systématiquement. Ceci finit par malheureusement lasser, puisque les subtilités de leurs rapports conjugaux sont assez vite comprises. Et lorsque la relation tend à se retourner, il est non seulement trop tard, mais aussi il s'avère que ce renversement n'aboutit à rien.

Cela est vraiment dommage, car Strickland offre ici un long-métrage élégant, à la décoration, la photographie et aux costumes soignés. Il maîtrise sa mise en scène de bout en bout, laissant planer une ambiance dont la tension laisse envisager un événement qui ne se produit finalement jamais. Après tant de répétitions d'inlassables rituels, c'est au final vraiment frustrant.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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