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SUNHI

Un film de Hong Sang-soo

Hong Sang-soo fidèle à lui-même

Diplômée en cinéma, Sunhi rend visite à l’un de ses professeurs, Choi, en vue d’obtenir une lettre de recommandation lui permettant d’aller étudier aux États-Unis. Ce jour là, elle revoit deux hommes de son passé : son ex-petit ami Munsu et Jaehak, un réalisateur diplômé de la même école qu’elle. Pendant le temps qu’ils passent ensemble, Suhni reçoit leurs différents conseils sur la vie, mais les trois hommes la définissent et parlent d’elle comme s’ils ne la connaissaient pas vraiment. Ils ont curieusement tous les trois la même opinion sur elle, formulée de manière similaire, et leurs réflexions semblent de moins en moins pertinentes. Mais, heureusement, Sunhi obtient une excellente lettre de recommandation qui lui fait espérer que tous les compliments sur le papier correspondent à la réalité…

Après plusieurs années, on commence clairement à être rôdé au cinéma de Hong Sang-soo, tant la recette reste toujours la même sans pour autant ne jamais perdre une goutte de son jus (curieux paradoxe). Seul cinéaste digne de ce nom à mériter le titre de digne successeur d’Eric Rohmer, le réalisateur coréen continue tranquillement sa route sur la voie du marivaudage amoureux avec "Sunhi", œuvre une fois de plus axée sur son double thème fétiche (l’indécision et l’insatisfaction), même si le minimalisme de la mise en scène semble avoir été accentué. Pour schématiser de façon un peu grossière, on y verra donc des plans fixes subtilement cadrés et composés, généralement situés dans des décors très restreints en nombre (c’est un décor de restaurant qui devient ici l’épicentre de la scénographie), avec plusieurs personnages (ici une femme et trois hommes) qui se parlent dans une suite de dialogues aussi malicieux qu’alcoolisés (eh oui, le soju est de rigueur !). Bref, du « presque rien » qui, comme toujours chez le cinéaste d’"In another country" et de "Ha Ha Ha", donne l’impression de tout englober.

Dialogue et cinéma, telle est la règle. Comme toujours, Hong Sang-soo glisse ça et là des allusions au 7ème Art, en incluant à nouveau ici un personnage de réalisateur en panne d’inspiration. Mais surtout, avec la malice d’un Kiarostami, il continue aussi de décaler légèrement les échanges qu’il filme, et ce au travers d’un système de répétition de certaines répliques (lesquelles reviennent parfois dans la bouche d’un autre personnage) qui isolent les trois hommes comme variations plus ou moins distinctes d’une même entité, focalisée sur une même femme qu’il s’agit de définir (d’abord) et de convoiter (ensuite). Pas sûr que cela fonctionne, tant leurs opinions se rejoignent et se confondent jusqu’au vertige. Et en fin de compte, ce que cerne Hong Sang-soo, tout au long d’un marivaudage un peu saoul qui tend in fine vers le vaudeville un peu fou, ce n’est que ça : l’incapacité de l’un à cerner la personnalité de l’autre, et vice versa. Subtil, c’est le mot.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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