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STILL THE WATER

Un film de Naomi Kawase

Sublime et bouleversant

Sur une petite île au sud du Japon est commémorée une fête traditionnelle. Kaito, qui se promène sur la plage aperçoit un corps inanimé flottant sur l’eau. Terrorisé, il s’enfuit sans prévenir qui que ce soit...

Bercée par les rouleaux du Pacifique, la jolie petite île d’Amami, vit au rythme de la nature et des traditions. Sur ses petites routes, déambulent deux adolescents : Kyoko et Kaito. Elle lui dit qu’elle l’aime, lui timide, finit par répondre que lui aussi. Des amours tendres d’enfants devenus tout juste adultes. La jeune fille a hâte de connaître l’acte charnel mais lui esquive. Au contraire de Kyoko qui plonge régulièrement dans les vagues, Kaito est un garçon timide qui reste sur la rive, terrorisé par cet élément vivant et mystérieux.

Il est vrai que cet océan qu’il craint tant, sépare à présent ses parents. Pourquoi croire en l’amour ?… alors que son père, qui a délaissé sa mère, évoque leur rencontre passée comme un signe du destin qui lui révélait qu’elle était la femme de sa vie (Ils se sont croisés trois fois par hasard le même jour). Pourquoi rêver au bonheur ?… quand sa mère le délaisse pour d’autres hommes, de passage. Ce cruel manque d’amour maternel, marque profondément le garçon qui nourrit ainsi une rancune étouffée et s’interdit toute effusion de sentiments.

Kyoko quant à elle, a tout pour être heureuse. Ses parents sont présents et aimants, mais malheureusement ce bonheur est entaché par un cruel coup du destin. Sa mère est gravement malade et ses jours sont à présent comptés. La jeune fille cherche alors refuge auprès de ses proches pour pouvoir affronter l’inévitable. Les traditions et la spiritualité profondément ancrées dans le quotidien des insulaires, vont l’accompagner dans cette épreuve difficile. Comme ces lames qui se brisent sur les rochers, la vie est un éternel recommencement. Les hommes comme les arbres meurent, mais leur souvenir est enraciné dans la mémoire des générations qui leur succèdent.

Sensible et contemplative, la caméra de Naomi Kawase capte l’essence même des sentiments au travers de scènes magnifiques où le temps s’arrête le temps d’un repas à l’ombre d’un arbre centenaire. Des montagnes de douceurs se dégagent d’une discussion charmante où la jeune fille rougit lorsque ses parents lui parlent de son petit ami. Et puis cette scène, profondément bouleversante où toute la famille accompagne la mère de l’autre côté du miroir. Les larmes jaillissent, faisant émerger une intense émotion à la fois triste et chaleureuse. Naomi Kawase considère ce film comme son chef d’œuvre personnel car il réunit tous les composants de son cinéma : les éléments, la famille et la spiritualité au sens traditionnel du terme. Un chef d’œuvre qui ne restera pas dans sa seule intimité, tant le film a ému les spectateurs du Palais du festival lors d’une longue standing ovation amplement méritée.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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