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SOUS LA PEAU

Un film de
Avec

Trop de style tue le style !

Ce que vivent et ce qu’ont vécu ces cinq surs est juste le summum de l’horreur. Un drame familial odieux qui reléguerait l’histoire de « Festen » ou de « Psychose » au simple rang de conflit générationnel. Pourtant le visionnage de ce petit film d’à peine une heure, ne vous émouvra pas outre mesure, tant la forme a étouffé le fond.

En effet, le film se complaît dans une esthétique dramatique qui pourrait faire sourire tant il paraît parodique. Noir et blanc léché, gros plans appuyés qui dévoilent tous les grains de la peau, répartie aseptisée digne d’un théâtre contemporain épuré, final arty où les visages de surs se confondent en un seul et même portrait. Un rendu très soigné qui malheureusement éclipse toute empathie du spectateur envers ces victimes traumatisées par les atrocités qu’elles ont vécu enfant.

Pour éviter de filmer l’horreur frontalement, les deux réalisatrices (également actrices dans le film) jouent sur les symboles. Pour évoquer l’innocence perdue des protagonistes elles les font jouer au Mistigri, pour décider dans quel ordre chacune d’elle va aller désosser le cadavre encore tiède de la mère assassinée. Lorsque son tour arrive, chacune se dénude totalement pour pouvoir ensuite nettoyer solennellement ce sang maternel qui leur colle à la peau.

Les messages sous-jacents clignotent comme des appels de phares pour élever le film au rang de conte philosophique. Cette abondance d’effets autant esthétiques que scénaristiques, font penser à ces travaux d’études d’élèves appliqués, qui pour épater leur professeur mixent scolairement tout ce qu’on leur a appris dans l’année. Malheureusement ce genre de sujet se filme avec les tripes et digère assez mal un excès d’académisme. L’appréciation sera donc sans appel : « Peut mieux faire ! »

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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