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SEÑOR DAME PACIENCIA

Clichés en pagaille

Alors que deux des trois enfants devaient présenter leurs conjoints à leurs parents lors d'une réunion de famille, la mère est victime d'un accident mortel. Suivant les indications qu'elle a laissées dans une lettre d'amour à sa famille, souhaitant une réconciliation globale avec le père, un banquier conservateur particulièrement difficile, toute la troupe prend la route pour la résidence de vacances de Sanlúcar de Barrameda, histoire de disperser ses cendres dans le Guadalquivir...

Difficile de ne pas voir d'emblée de multiples similitudes entre ce film espagnol et l'énorme comédie à succès que fut "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?". Si ici la mère n'est plus, et l'un des conjoints est déjà connu des parents, l'approche du bourgeois de père est à peu près la même, tout comme la présence de trois gendres, pas tous les bienvenus. Point d'histoires de religions différentes ici cependant : les difficultés sont surtout centrées sur la relation au père, qui laisse bien peu de place à la différence. Et – adaptation au territoire espagnol oblige – les gendres sont ici respectivement catalan, homo et noir, mais aussi altermondialiste ou à tendance hippie. Pourtant "Señor dame paciencia", malgré un titre aussi très similaire ("Dieu fais que je tienne le coup"), n'est officiellement pas le remake du film français.

Si l'une des bonnes idées du scénario est de souligner l'incapacité de l'une des filles à en finir avec son mec (permettant ainsi de concocter quelques scènes comiques réussies avec l'arrivée d'un rival maître nageur), celui-ci aligne cependant les clichés sur les uns ou les autres donnant des moments de comédies tantôt efficaces, tantôt lourdingues. Les blagues liées à l'homosexualité s'avèrent souvent grossières (le bouche-à-bouche...), tout comme celle liée à la méconnaissance des nouvelles technologies (le dialogue furax avec le GPS...) ou les rapports avec une police qui cumule vraisemblablement toutes les tares. Bref, si l'on esquisse quelques sourires, le tout est bien indigeste, d'autant plus que la plupart des acteurs cabotinent (même l'éternelle Rossy de Palma qui joue la mère discutant ponctuellement avec son mari au travers de son portrait figé sur l'urne de cendres), voire ne sont clairement pas à la hauteur en termes de jeu (David Guapo, ici en catalan).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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