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SATURNO CONTRO

Un film de Ferzan Özpetek

« Mes meilleurs amis » à la sauce turco-italienne

Davide, écrivain, vit à Rome avec Lorenzo. Régulièrement, ils réunissent leurs amis les plus proches : Antonio et sa femme Angelica, qu’il trompe depuis plusieurs mois, Neval et son mari, aussi discret et introverti qu’elle est exubérante et charismatique, mais aussi Sergio, le quadragénaire homosexuel, Roberta, la collègue de Lorenzo passionnée d’astrologie et Paolo, qui s’est récemment découvert bisexuel. Jusqu’au jour où Lorenzo, foudroyé par une maladie inconnue, tombe dans le coma...

Ferzan Ozpetek est un réalisateur d’origine turque, émigré en Italie et passionné par Ostiense, un chaleureux quartier du Sud de Rome dans lequel il vit. Pas étonnant si ses films mélangent souvent les mêmes ingrédients : un groupe d’amis de milieux culturels et sociaux variés, un incontournable personnage turc (interprété par Serra Yilmaz, la comédienne favorite d’Ozpetek), les gazoducs d’Ostiense en arrière-plan. Tourné six ans après « Tableau de famille », qui mettait déjà en scène Stefano Accorsi et Margherita Buy (tous deux très populaires en Italie), Ferzan Ozpetek ressert ses thèmes de prédilection : l’homosexualité plus ou moins assumée, la force de l’amitié, l’amour trompé. Il jette au milieu un drame poignant, crée des scissions au sein du groupe puis finit par raccommoder tout le monde autour d’un repas ou d’une partie de ping pong. La vraie famille c’est les amis.

Or si la recette marchait bien dans « Tableau de famille », où chaque personnage puisait dans son entourage la force de surmonter ses propres épreuves et où toute l’histoire convergeait vers un seul personnage, « Saturno Contro » fait figure de pâle écho. Le même film, mais en moins bien. La première raison est l’éparpillement des récits, censés formés un tout, voire l’absence de fil vraiment conducteur (le narrateur, Lorenzo, lâche le récit au moment où il tombe dans le coma). La seconde est cette obstination à nous faire croire que des gens issus d’horizons radicalement différents, dont on se demande ce qu’ils fabriquent ensemble, peuvent former une famille soudée contre toute épreuve. Chaque personnage est une caricature, un rôle correspondant à un tiroir, nuisant ainsi à la crédibilité de l’histoire.

On reconnaîtra à Ozpetek la capacité de mener un drame à son paroxysme, de faire vibrer la corde de l’émotion et de nous rapprocher de tous ses personnages, interprétés avec justesse. On lui reprochera par contre son incapacité à s’arrêter à temps, c’est-à-dire au moment où il parvient à atteindre une certaine grâce. La fin, prétexte à servir encore quelques révélations et à confirmer la foi du réalisateur en l’amitié, ne fait que répéter ce que l’on avait compris pendant tout le film. Donc non seulement on n’y a pas vraiment cru, mais en plus on s’est ennuyé.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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