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RIEN DE PERSONNEL

Un film de Mathias Gokalp

Un exercice de style réussi par sa construction comme sa froideur

Un géant de la pharmacie organise une soirée pour ses employés et principalement ses cadres, dans un musée d'histoire naturelle. Mais les apparences sont trompeuses, et quand un employé en période d'essai depuis plus de 11 mois tente d'avaler du verre devant un syndicaliste hébété, le malaise commence à être perceptible...

Une belle tripotée d'acteurs français (Podalydès, Zabou, Lanners, Greggory...) compose le casting du film qui a fait l'ouverture de la Semaine de la critique 2009. Une oeuvre sur le caractère impitoyable du monde du travail qui n'est pas sans rappeler le ton des fameux « L'emploi du temps » ou « Violence des échanges en milieu tempéré », jouant avec cynisme avec l'articulation difficile de l'humain et de la conception malsaine des ressources humaines que peuvent avoir certaines grandes entreprises.

Le récit se divise en trois chapitres, chacune changeant partiellement le point de vue du spectateur, et dont le principe de narration consiste à rejouer les mêmes scènes, avec des parties de dialogues en plus, modifiant ainsi toute la signification de l'histoire. L'exercice de style est parfaitement convaincant sur le fond, plus que sur la forme, un peu répétitive et permet de mettre en lumière le contraste entre les fonctions de chacun, la représentation en soirée, et les rôles qu'il joue selon les directives qu'il reçoit.

Il se dégage du coup une impitoyable froideur de l'ensemble, ainsi que d'un casting tout dévoué à garder évidents les faux-semblants, pour laisser tout son mystère à un scénario très malin. Une chose est sûre, le cinéaste manie à la perfection l'ironie et le cynisme, provoquant autant de malaise que de rires, en mettant volontairement une distance entre patron apparemment délicat et cultivé (qui prépare en douceur son numéro de chant classique...), syndicaliste engagé mais pas trop (qui ne connait finalement personne non plus) et employés à la merci de tout ce petit monde (et des manigances de leurs semblables). Il semble nous dire quelle que soit l'entreprise la chanson semble être la même, la vie ayant toujours un poids tout de même et le facteur chance entrant finalement en ligne de compte.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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