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QUI A PEUR DE VAGINA WOLF ?

Voie de garage

Le jour de ses 40 ans, Anna n’a pas le moral. Les années sont passées, festives, sans concrétiser réellement ses ambitions. Comme chaque anniversaire, elle fait toujours les mêmes résolutions : faire un film, perdre 10 kg et avoir une copine. C’est alors qu’elle rencontre la jolie Katia, fougueuse et passionnée, qui va l’inspirer pour écrire son nouveau scénario...

40 ans est un âge charnière. Certains ont le démon de midi, mais pour la majorité, c’est une période de remise en question où on fait le bilan des 20 dernières années avec ses réussites, mais aussi ses échecs. Pour Anna Margarita Albelo, cette introspection s’est concrétisée par la réalisation de "Qui a peur de Vagina Wolf ? ". Son héroïne, homonyme, qu’elle même interprète, est une cinéaste toujours en quête du scénario qui fera d’elle, l’artiste accomplie et respectée par ses pairs. Pour cette dernière, le constat n’est pas rose. Obnubilée par cette réussite tant espérée, elle a sacrifié ses amours, sa famille et vit à présent sans le sou dans le garage d’une amie. Poissarde invétérée, elle accumule les déconvenues jusqu’au jour où elle croise la belle Katia. Pour elle, elle va écrire un rôle sur mesure avec le secret espoir de conclure cette idylle naissante avant la fin du tournage.

Une réalisatrice qui tourne un film sur une réalisatrice qui tourne un film, lui même inspiré d’un ancien film pour le moins anodin : "Qui a peur de Virginia Woolf ? " (huis-clos intimiste, où un couple de quarantenaires se déchire face à un couple plus jeune et où chacun reproche à l’autre d’avoir gâché sa vie), telle est la vertigineuse mise en abîme que nous propose Anna Margarita Albelo. Véritable « quadra »-ture du cercle, cette imbrication introspective n’en est pas pour autant une spirale infernale. Traitée sous couvert de comédie légère, "Qui a peur de Vagina Wolf ? " dépeint les mésaventures d’une héroïne maladroite et attachante. Plutôt bavard dans sa première partie, le film peut néanmoins déconcerter en abusant de poncifs propres au cinéma indépendant US lorsque celui-ci se veut trop nombriliste (discussions aux multiples références artistiques, personnages peu empathique ou d’autres à l’excès),

Heureusement cela ne dure pas et on se laisse très vite émouvoir par les mésaventures sentimentales d’Anna. Bien que prévisibles, ses désillusions touchent, car elles expriment un vécu évident. Ici, plus d’enrobage pseudo-intellectuel, l’héroïne dévoile ses sentiments avec la désuétude attachante d’une femme amoureuse. Le film devient alors plus personnel et la réalisatrice, la vraie, expie ainsi tous ses démons en une conclusion, certes un peu gentillette mais sincère. La vie parfois, est faite de sentiments tous simples et les exprimer sur un écran est aussi bénéfique qu’une longue thérapie. L’exercice est loin d’être évident mais au final, Anna Margarita Albelo s’en sort plutôt bien en nous offrant une œuvre parfois maladroite mais joliment authentique.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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