Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

QUAND JE SERAI PETIT

Un film de Jean-Paul Rouve

Et si l’on pouvait revenir en arrière tout en allant de l’avant

À l’occasion d’un voyage, Mathias, 40 ans, croise par hasard un enfant qui lui fait étrangement penser à lui-même à un âge similaire. Profondément troublé, il se lance dans une quête insensée sur les traces du petit garçon qui risque bien de bouleverser son existence et son équilibre familial… Et si l’on pouvait revivre son enfance, pourrait-on alors changer le cours des événements ?

Il m’arrive parfois de croiser des enfants qui me rappellent qui j’ai pu être, par une phrase, une attitude ou une manière de voir le monde. Je me mets alors à repenser au passé, à certaines occasions manquées ou paroles de trop, décisions stupides ou indécisions coupables. Se remémorer son enfance permet de comprendre qui l’on est et d’apprendre (parfois) de ses erreurs. Pourtant il ne m’est jamais arrivé de rencontrer un enfant dans lequel je me retrouve complètement. Encore moins que cet enfant s’appelle comme moi et que ses parents soient le portrait craché des miens.

Pourtant Mathias (joué avec beaucoup de pudeur par Jean-Paul Rouve) ne laisse pas de place au doute quand il rencontre Mathias, de 30 ans son cadet (Miljan Chatelain déjà remarqué dans « le Ruban Blanc » du multi-palmé Michael Haneke et très juste, atout trop rare chez les enfants acteurs pour être souligné). Il sait profondément que cet enfant ne fait pas que lui rappeler son enfance, il l’incarne. Mathias adulte se met donc à suivre Mathias enfant d’une façon qui aurait pu être dérangeante si l’on n’était pas porté par ce postulat qui traverse le film.

Il entreprend pendant le premier tiers du film de nouer des liens avec Mathias et son père Jean (Benoît Poelvoorde, à des années lumière de ses cabotinages habituels) cet homme qui lui rappelle tant son père disparu. Les époques ont beau avoir changées, les liens qui se sont noués dans cette famille bis sont les mêmes que ceux de son enfance et Mathias se retrouve en spectateur-acteur de sa propre vie. Il s’y investit tellement qu’il en oublie sa femme et sa fille et se laisse emporter par la griserie d’apprendre à connaître d’homme à homme son propre père.

Secrets de famille, non-dits et actes manqués sont dévoilés sans pathos, saisis parfois par un simple jeu de regards, comme la relation qui unit sa mère et son beau-père (Miou-miou / Lisa Martino et Claude Brasseur / Gilles Lellouche). Scénaristiquement parlant, le film se tient et les quelques longueurs initiales prennent leur sens quand celui-ci trouve sa vitesse de croisière et aboutit à la scène finale, honnête et subtile. Pourtant c’est dans la réalisation que ce film pêche. Mis à part le parti-pris « réaliste » (le vrai hein, pas celui en cours sur la Canebière télévisuelle), on ne sent pas vraiment de patte propre au réalisateur.

Trop intéressé par la justesse des personnages et du scénario, Jean-Paul Rouve en oublie que la caméra ne sert pas qu’à filmer mais aussi à faire paraître. La photo un peu pâlichonne (sûrement due au climat dunkerquois, à sa décharge) aplatit l’ensemble, et le montage des scènes de coupe rallonge le film là où il aurait mérité d’accélérer un peu. Sans vraiment rendre le film moins bon, la réalisation assez plate et classique ne l’améliore pas non plus. Cela reste cependant un très bon exercice de jeu et de scénario qui mérite que l’on s’y intéresse. En tout cas, en sortant du cinéma, on se surprend à rêvasser et à refaire l’histoire de sa vie… Et si…

Cédric MayenEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE




Powered by Preview Networks

Laisser un commentaire