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PIXELS

Un film de Chris Columbus

Aussi navrant que démago

En 1982, deux potes prénommés Sam et Will avaient participé aux premiers championnats du monde de jeux vidéo d'arcade. Lors de cet événement, une cassette vidéo présentant les divers jeux avait été envoyée dans l’espace par la NASA, dans l'espoir d'un contact avec une civilisation extraterrestre. Quelque trente ans plus tard, Sam est devenu installateur du câble et Will, président des États-Unis. Alors qu'une base militaire américaine est réduite à néant, ils émettent l'hypothèse que celle-ci a été victime d'une attaque d'aliens ayant reproduits ces jeux vidéo à une toute autre échelle...

Si on craignait le pire à la lecture du concept même du film, il faut dire que la part de geek qui sommeille en nous ainsi que le souvenir attendri des fameux jeux d'arcade (de Donkey Kong à Pac-Man en passant par Space Invaders) nous poussaient à vouloir croire que "Pixels" pouvait être une réussite. Il n'en est malheureusement rien et on comprend mieux, aujourd'hui, pourquoi Sony, le distributeur du film, n'a organisé aucune avant-première dans les salles françaises la veille de la sortie, comme c'est usuellement le cas pour ce genre de blockbuster estival. Sauf que nous avions simplement oublié une chose : avant d'être un film de Chris Columbus (le réalisateur des deux "Maman, j'ai raté l'avion", de "Madame Doubtfire", des deux premiers "Harry Potter"...), "Pixels" est un film d'Adam Sandler.

Il faut dire que l'humour du comique américain n'a jamais réellement trouvé d'échos en France et que ses seuls succès au cinéma sont ses rares rôles dramatiques ("Punch-Drunk Love"). Et on retrouve ici les pires aspects de ses films : humour graveleux (et que je reluque la jolie fille), dialogues niais (la rencontre avec Michelle Monaghan nous vaut un sommet de répliques affligeantes et de rivalité pour gamins de CM2), sans oublier les explications à la mords-moi-le-nœud. Il faut dire, en effet, que le prétexte de "Pixels" est des plus absurdes et que le développement de l’histoire bénéficie de tellement de raccourcis scénaristiques que l'on a juste rapidement envie de partir en courant. Les aliens nous attaquent en lançant un défi en trois manches (3 « vies » de jeux vidéo), ils laissent des messages que l'on retrouve on ne sait comment (avec comme porte-paroles la Madonna de 1982 ou le JR de Dallas, mais bien sûr !). Bien entendu l’équipe de sauveurs réussira à les contrer aussi rapidement qu'ils nous ont provoqué soit, en gros, dans les 48 heures !

Mais le pompon est atteint dans le discours démagogique qui accompagne toute cette tambouille, brossant l'Américain moyen et les foules dans le sens du poil. Ainsi les militaires sont bornés, le président est tout juste attardé (il ne sait pas lire et accumule les maladresses) et c'est donc le geek qui devient conseiller et donneur de leçons à des élites incapables. La scène où Adam Sandler fait irruption au conseil de sécurité, pour apporter la bonne parole et dire à chacun ses quatre vérités, dans un langage du niveau maternelle, est tout juste insupportable. Bref, si on enlève les honnêtes effets spéciaux et le plaisir de retrouver les jeux vidéo de notre enfance, il ne reste quasiment rien, et surtout pas du cinéma.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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