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OCHO APELLIDOS VASCOS

Un équivalent espagnol de "Bienvenue chez les Ch'tis" : réjouissant

Rafa est un jeune andalou, sûr de lui et entreprenant. Un soir, il réussit à emballer la belle Amaia, qu'il avait pourtant fait virer de son bar quelques heures auparavant. Mais au petit matin, celle-ci a disparu. Enflammé, il part alors au Pays Basque pour la retrouver, et se retrouve le bec dans l'eau quand elle l'éconduit avec mépris. Mais celle-ci, qui voit son père débarquer après des années d'absence, a soudain besoin de son aide et lui demande de jouer son futur mari : un basque, forcément...

Démarrant comme une comédie romantique un peu lourd-dingue "Ocho apellidos vascos" prend tout à coup une certaine ampleur lorsque les différences culturelles deviennent le sujet central du film. Sur un principe de base proche du vaudeville et menant forcément à nombre de quiproquos (un homme doit faire semblant d'être le fiancé d'une jeune femme, pour donner le change devant le père de celle-ci, marin appelé à rester seulement quelques jours, histoire de rendre ce dernier heureux), le scénario vient greffer un détail qui fait toute la saveur de l'intrigue : l'homme est andalou et doit se faire passer pour un basque.

En ces temps où la cohésion de l'Espagne en tant que pays est mise à mal par la crise économique et les velléités indépendantistes de certaines communauté, voilà donc une comédie vouée on s'en doute, à réconcilier des cultures aux antipodes, tombe à pic. Comme dans notre "Bienvenue chez les Ch'tis" national c'est donc sur les différences régionales et sur l'intégration d'un homme dans un milieu a priori loin de ses valeurs, que repose donc le comique. Mais aussi sur les clichés que charrient le Nord et le Sud, comme les gens qui en forment le substrat.

On retrouve ainsi quelques principes communs avec le célèbre film français. Notamment à peine arrivé au panneau indiquant le Pays Basque, le bus qui emmène notre héros vers la mer de Cantabrie (l'Atlantique pour nous) se retrouve sous une impressionnante pluie battante. S'appuyant aussi sur la différence d'accent et d'expressions, le scénario s'amuse des clichés d'un peuple supposé rustre et peu accueillant envers les étrangers (les Basques) face à des individus simples et un peu trop enjoués ou sexués (les Andalous).

Globalement, l'humour fonctionne bien, grâce à un casting séduisant, composé des nouveaux venus Dani Rovira en dragueur un peu basique, Clara Lago (vue dans "The End", "Le Pacte du mal" et "Inside") en petite boule de nerfs, Karra Elejalde (Goya du meilleur acteur dans un second rôle pour "Même la pluie") en père indigne et marin imbuvable, et la célèbre Carmen Machi ("La mujer sin piano") qui abandonne ses publicités pour les yaourts et les séries télés pour jouer la fausse mère de Rafa, dont les scènes alcoolisées sont assez mémorables. Une comédie qui prend forme progressivement et ose quelques gags bien sentis autour de l'usage de la langue locale (le Basque, dont les racines sont totalement incompréhensibles pour quelqu'un qui parle Castillan) et l'ETA, à la tête de laquelle notre héros pourrait vite se retrouver propulsé. Un énorme succès dans la péninsule, qu'il est difficile de ne pas trouver réjouissant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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