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NINJA TURTLES

Un film de Jonathan Liebesman

COWABUNGA !!!

Ils sont quatre : Leonardo le leader, Donatello le cerveau, Michelangelo le bôgoss et Raphaël le bad boy. Ces quatre tortues, transformées en créatures anthropomorphiques après avoir été exposées à un liquide mutagène, jouent les justiciers une fois la nuit tombée dans les rues de New York. Un terrible défi s’impose à eux lorsque le maléfique Shredder, associé à un milliardaire corrompu, menace de déverser un gaz toxique sur toute la ville. Aidés par la jeune et jolie journaliste April O’Neil, les quatre héros vont devoir accomplir leur destin…

D’abord, un avertissement : pour l’auteur de ces lignes, les quatre chevaliers d’écaille et de vinyle créés par Kevin Eastman et Peter Laird dans les années 80 représentent de véritables héros d’enfance, des madeleines de Proust indémodables, d’incroyables figures mythiques qu’il était de plus en plus urgent de réactualiser sur grand écran. Il y aura donc de quoi justifier le tonnerre de dithyrambes qui peuplent cette critique de "Ninja Turtles", mais en même temps, si l’on part du principe que la réussite d’un tel film ne se mesure qu’à l’aune des attentes somme toute modestes que l’on plaçait en lui, il apparaît inapproprié de faire la fine bouche. Les fans purs et durs, en tout cas, ne trouveront sans doute rien à redire devant un film avant tout conçu pour eux, soucieux de conserver l’esprit « gamin » de l’univers qui leur est cher, tout en le réactualisant en lui injectant une surdose d’action spectaculaire. En même temps, avec ce grand taré de Michael Bay à la production, on voyait mal comment il aurait pu en être autrement.

Ce qui ne faisait pas très envie, en revanche, c’est le choix du réalisateur. On ne niera pas que le fait d’avoir échappé à Brett Ratner est une victoire en soi, mais la présence de Jonathan Liebesman n’avait rien de rassurant : on doit en effet à ce tâcheron hollywoodien de sacrées purges comme "Nuits de terreur", "World Invasion : Battle Los Angeles" ou encore "La Colère des Titans". Sauf qu’ici, le type s’est appliqué à axer sa mise en scène anodine sur le style de Michael Bay, reprenant au détail près ses méthodes de filmage et de découpage avec contre-plongées de pubard, bande-son hétéroclite, lumières intenses, contrastes surmultipliés, cadrages obliques et mouvements de caméra vertigineux. D’où une flopée de scènes d’action aussi brillantes que bourrines, pour le coup débarrassées des excès de shaky-cam et privilégiant au contraire le plan-séquence impossible à la "Spider-Man", gavé de loopings délirants qui filent un sacré vertige (on n’est pas prêt d’oublier cette longue glissade sur flanc de montagne enneigée) et où la puissance primitive des Turtles est constamment mise à profit. Tous les ingrédients sont donc là pour en prendre plein les mirettes sans se prendre la tête.

Du côté du scénario, on notera un petit bémol. Les scénaristes ont certes conservé les éléments narratifs propres à la mythologie d’origine (surtout l’origine de la mutation des tortues) tout en prenant soin d’en modifier légèrement certains détails, mais l’intrigue proposée, en plus de se suivre sans grand intérêt, ne brasse que du déjà-vu en matière d’enjeux et de péripéties. Rien de bien grave, en soi, le film ne visant qu’à reprendre un univers déjà préexistant sous l’angle d’un chapitre introductif, prompt à lâcher davantage d’idées nouvelles lors d’une hypothétique suite (que l’on s’empresse de réclamer en sortant de la salle !). Quant à nos idoles de jeunesse, c’est le ravalement de façade garanti : loin de ses images d’acteurs coincés dans une panoplie de Casimir peinte en vert avec un bandana coloré, les Turtles retrouvent grâce à la motion capture ce look primitif et imposant, en tout cas pour le coup totalement crédible, de même que Splinter et Shredder développent respectivement une nouvelle image de senseï vénérable et de samouraï d’acier maléfique. Même la très sexy Megan Fox, une actrice qui s’était pourtant déjà fait MichaelBayser dans deux "Transformers", incarne ici la journaliste April O’Neil avec un vrai dynamisme, finalement assez éloigné de la potiche sexy juste bonne à faire pièce ajoutée dans le décor.

Ajoutez à cela les blagues à deux balles de Michelangelo, les sauts de colère de Raphaël, la passion de nos héros pour les pizzas (utilisées ici comme instrument de torture : bonne idée !) et leur inévitable cri « COWABUNGA ! », et vous obtenez une chouette soupe de tortue digitalisée, remise au goût du jour avec tous les ingrédients qui ont fait son succès. Les Turtles n’ont donc pas sombré dans l’oubli : elles sont toujours là, elles ont la patate et elles le font savoir. Et c’est pile poil ce que l’on souhaitait d’eux.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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