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MEA CULPA

Un film de Fred Cavayé

À toute épreuve

Séparé de sa femme depuis un accident ayant causé la mort de trois personnes, Simon, ex-flic reconverti dans le convoyage de fond, vivote dans son coin, seulement veillé à distance par son ancien collègue, et ami, Franck. Lorsque le fils de Simon est témoin d’un meurtre commis par des mafieux, et devient la cible de tueurs, Simon et Franck vont devoir s’associer à nouveau pour protéger les leurs…

Il y a quelque chose de profondément réjouissant à voir un film comme celui-ci débarquer dans nos salles. Car si le polar n’a jamais été vraiment en berne dans notre pays, son « petit frère », le film d’action, semblait faire la gueule. Jusqu’à aujourd’hui. Parce que si l’on excepte quelques tentatives isolées ("Nid de guêpes" de Florent-Emilio Siri, pour n’en citer qu’un), l’amateur de thrillers-qui-débourrent-sec devait se contenter de scènes éparses piochées ici et là au sein des films policiers régulièrement produits dans l’Hexagone. Mais il y a quatre ans, la décharge d’adrénaline provoquée par le stupéfiant "À bout portant" annonçait que quelque chose allait se passer…

Ce quelque chose, c’est ce film, "Mea Culpa", dernier coup de maître du discret Fred Cavayé. Discret, mais talentueux, comme le prouvaient ses deux précédents films, le romantique "Pour elle" et le déjà cité "À bout portant". En offrant à Vincent Lindon et Gilles Lellouche, tous deux prodigieux, les rôles principaux de son nouveau long-métrage, Cavayé semble boucler la boucle. Respectivement protagonistes de "Pour elle" et "À bout portant", les deux comédiens forment un duo de cinéma comme on n’en voit plus trop, pour le plus grand plaisir du cinéaste. Et du spectateur, qui ne peut que se réjouir de voir deux acteurs aussi impliqués, tant physiquement que moralement, dans un projet hors-norme.

À l’instar de ses deux précédents films, l’intrigue pensée par Cavayé et son co-scénariste, Guillaume Lemans, ne s’embarrasse d’aucune digression, et se concentre uniquement sur ses personnages, pour mieux les propulser au sein d’un maelstrom d’action qui donne la patate. Car ce qui intéresse vraiment le cinéaste, c’est la matière humaine de ses films, et la manière dont ses personnages vont être affectés par les évènements du récit. Construit sur un crescendo romanesque (dans "Pour elle") ou comme une haletante course-poursuite ("À bout portant"), le cinéma généreux et unique de Fred Cavayé trouve ici son apogée, "Mea Culpa" se révélant tout aussi émouvant que bourrin.

C’est bien là que réside le génie du réalisateur, qui s’approprie les passages obligés du genre « action » – fusillades, courses-poursuites à pied ou en voiture, bastons mano à mano – et les adapte à son exigence de divertissement populaire et intègre, dans la droite lignée des films d’Henri Verneuil ("Peur sur la ville") ou Yves Boisset ("Le Saut de l’ange"). Sa mise en scène instinctive et efficace, couplée aux prouesses physiques de ses acteurs (qui ont du quand même en chier un peu !) et à un rythme éreintant (la dernière demi-heure vous laissera sur les rotules), donne à voir ce que devrait être LE cinéma d’action français, dans son âme, dans ses tripes et dans son cœur, loin du simple copier-coller du cinéma américain.

Sans être un chef-d’œuvre (mais en a-t-il seulement l’ambition ?), "Mea Culpa" s’impose de fait comme un certain idéal de cinéma. Et Fred Cavayé, dont on attend désormais les prochains projets avec une vraie impatience, de se confirmer comme un sacré équilibriste. Sérieux, quel film !

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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