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MARIE-ANTOINETTE

Un film de Sofia Coppola

Les dessous de la Reine

Marie Antoinette, autrichienne promise au dauphin du royaume de France, découvre les us et coutumes de la cour…

Pour son troisième film, Sofia Coppola (« Virgin suicides » et « Lost in translation ») nous dessine le portrait intime de celle qui deviendra Reine de France, femme de Louis XVI, et sera tristement guillotinée en 1793. Mais qu’on ne s’y trompe pas, son « Marie Antoinette » n’est pas un film historique, et c’est peut être bien là ce qui a frustré une grande partie du public cannois, où le film était présenté en compétition. Vous n’y verrez ni guillotine, ni révolutionnaires, hormis au travers de quelques bruits de portes défoncées ou d’une myriade de flambeaux perceptibles dans la cour du château.

Car Sofia Coppola donne dans l’intime et confronte à l’écran nos valeurs modernes avec celles de l’époque, comme elle marie ses choix musicaux propres (le film baigne en grande partie dans de la New Wave et de la Pop-Rock, avec des titres de New Order ou Air…) à quelques morceaux de clavecin. Et cela donne de beaux moments à la fois surprenants et envoûtants.

Le décalage lui, est bien présent sur le fond. Le spectateur, découvre en même temps que la future Reine, et avec en tête ses valeurs d’homme du XXIème sicèle, les rituels de la cour, comme ceux du lever et du coucher du couple royal. La scène de la toilette au lever, où la personne présente de rang le plus élevé, est chargée d’accomplir des gestes simples et minutieux (enlever la chemise de nuit, donner un vêtement…) est un modèle de drôlerie. Car cette personne change à chaque nouvelle entrée dans la pièce, Sofia Coppola nous montrant la Dauphine, nue comme un ver, un rien impatiente de retrouver ses vêtements du fait du froid ambiant. Et elle résume bien ce qui vient à l’esprit du spectateur, ceci par une simple réplique exprimée de la bouche de Marie Antoinette: « c’est ridicule » à laquelle une courtisane répond simplement, « non, c’est Versailles ».

La formidable reconstitution de l’opulence de la cour est un des atouts principaux du film. « Marie Antoinette » a presque été entièrement tourné à Versailles, ce qui permet de découvrir le travail d’orfèvre effectué sur les boiseries et ornements. Tenues et toilettes somptueuses sont un véritable plaisir pour les yeux, ainsi que la multitude de plats et gâteries sucrées jalonnant les multiples petits déjeuners, banquets et dîners qui ponctuent le récit.

Mais le film ne serait rien sans la qualité de ses interprètes, de Jason Schwartzman (« Rushmore », « Simone ») en Dauphin bien peu à l’aise au lit, à Kirsten Dunst (« Entretien avec un vampire », « Spider man ») , étrangère à la fois naïve et fragilisée de par son isolement, mais qui prend vite goût à être regardée. L’oeuvre singulière de Sofia Coppola constitue une intrusion maîtrisée dans l’intimité de leur couple, dont on suit les difficultés pour procréer, fait sans lequel il ne gagneront jamais aucune considération de la part de leur entourage. Entre médisances, chuchotements et jugements permanents, il décrit, avec justesse et humour, une pression monumentale exercée sur les épaules d’une vive jeunesse.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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