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MA LOUTE

Un film de Bruno Dumont

Un univers frappadingue qui ne va pas vous laisser indifférent

Les Van Peteghem se rendent sur la côte d’Opale, dans leur maison secondaire, pour les vacances d’été. Dans la baie voisine, d’étranges disparitions inquiètent la police qui se met à enquêter et à s’intéresser plus particulièrement à une famille de pêcheurs…

Bruno Dumont poursuit dans la comédie après le joli succès – non pas pour le cinéma mais la télévision – de sa mini-série "P'tit Quinquin", diffusée sur Arte. Ici, avec "Ma Loute", présenté en compétition officielle à Cannes, il confronte les classes sociales – les bourgeois et les petits pêcheurs – dans un cadre idyllique de bord de mer dans le Nord de la France. D’un côté, donc, les Van Peteghem, une famille de riches industriels qui s’adonnent à l’oisiveté, et de l’autre les Brufort, des pêcheurs, cueilleurs de moules qui, contre 20 centimes, se mettent à l’eau pour vous faire traverser la baie de Slack. Le portrait de cette société des années 1910 est complété par l’arrivée de la police locale menée par le commissaire Machin et son adjoint Malfoy. Tout ce petit monde est néanmoins réuni par un point commun des plus inattendus : ils ont tous un grain !

Car cette histoire de Bruno Dumont (qui enfile la double casquette de scénariste et réalisateur), baigne dans l’absurdité la plus totale mâtinée d’une bonne dose de folie ! Avec "Ma Loute", on pénètre un univers complètement frappadingue qui ne laissera personne indifférent au risque de laisser des spectateurs complètement hermétiques à ce style si singulier. Dumont mélange fiction et réalité, onirisme et réel, le tout dans un style qui pour le coup ne transige pas : l’extravagance ! L’enquête policière est à mourir de rire tant le duo commissaire-adjoint fait penser aux meilleurs numéros de comédie de Laurel et Hardy. La famille d’aristos est constamment dans l’excès (gestuelle, réactions…). Et les pêcheurs du quartier Saint-Michel ont des moeurs plus que douteuses !

La folie s’empare donc rapidement de "Ma Loute", avec une première partie jubilatoire, une deuxième malheureusement plus creuse et un final déjanté mais qui laisse assez perplexe… C’est donc un rythme en forme de montagnes russes qui attend le spectateur. Néanmoins, tout du long, on assiste à d’incroyables numéros d’acteurs (Luchini et Binoche au diapason), à des joutes verbales écrites aux petits oignons (mention spéciale aux policiers Desprès et Rigaux), et une histoire où chacun en prend pour son grade, Dumont – dans son intransigeance – n’épargnant finalement personne. Le réalisateur compose également de magnifiques plans de cinéma dont la musique – inspirée – donne une dimension mystique au film. Dommage que l’on soit parfois dans le too-much et dans l’incompréhension totale de certains événements… Même si le mystère est l'une des forces principales du film, on se serait bien passé de la forme liturgique de certains passages…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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