Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

LIKE SOMEONE IN LOVE

Un film de Abbas Kiarostami

24 heures de la vie d’une femme

Elle est étudiante, il est professeur, cependant ce n’est pas dans une salle de cours qu’Akiko et Takashi vont se rencontrer. La jeune fille est escort girl et le vieux monsieur est en mal de solitude. Dans l’appartement de ce dernier, leurs existences vont se croiser le temps d’une journée...

Abbas Kiarostami ne s’en cache pas, son film n’a ni début, ni fin. Comme la chanson homonyme interprétée par Ella Fitzgerald « Like someone in love », il retranscrit un moment, une sensation. Cette impression est différente pour chacun des protagonistes. Le vieux monsieur tente de tomber amoureux, alors que la jeune fille tente d’assumer de vendre sa plastique pour quelques yens. Lors d’une journée, Ils vont se croiser sans se trouver réellement. Elle s’endormira, lui travaillera à une traduction, leur quotidien prenant le dessus sur la singularité de leur rencontre tarifée.

Vous l’aurez compris, « Like someone in love » est loin d’être un film d’action. Néanmoins, malgré un sujet peu aguicheur et un style purement contemplatif, le film révèle de très belles scènes de pur esthétisme. À commencer par le premier plan, dont la caméra subjective capte l’ennui de la jeune femme face à la jalousie de son ami. L’ambiance du lieu autour d’elle envoute le spectateur de son atmosphère feutrée. Les personnages aux alentours gravitent de table en table, avec élégance et exaltation.

Par la suite, le film sera rythmé par le renoncement de la jeune fille à retrouver sa grand-mère de passage à Tokyo. Celle-ci, patiente et candide, l’attendra résignée des heures durant au niveau d'une fontaine. Coupable de ses activités peu recommandables, Akiko ne trouvera jamais le courage de la rejoindre. Le taxi qui l’emmène chez Takashi passera et repassera devant cette vieille dame dans un tourbillon d’émotion retenue. Une scène déchirante de silence qui porte le film dans un registre beaucoup moins laconique qu’il n’en a l’air. Cinéaste poète, Kiarostami exporte au pays du soleil levant sa vision esthète et dépouillée d’un mal être rongé par la solitude et la mauvaise conscience. Un film à aborder comme une œuvre d’art, magnifique et complexe.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE




Powered by Preview Networks

Laisser un commentaire