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LAURETTE 1942

Un film de Francis Fourcou

Un témoignage essentiel dans un film qui aurait dû assumer son aspect documentaire

En 1942, Laurette Monet rejoint la Cimade, une association protestante, et s'engage pour apporter son aide dans les camps organisés par la « France Libre », où sont internés progressivement juifs de tous horizons, républicains espagnols, opposants politiques...

C'est à un récit de la découverte de l'horreur que nous invite Francis Fourcou, réalisateur du fort intéressant "Laurette 1942", film qui aurait dû assumer son aspect documentaire, mais peine obstinément à vouloir devenir autre chose. Pas besoin finalement d'autre incarnation que cette Laurette de 1993, sur le point d'écrire un livre, de raconter cette histoire enfouie en elle pendant plus de 50 ans, pour dépeindre l'ignominie, la collaboration d'État, le mensonge médiatique et idéologique, et l'absence de regard ou d'aide portés par une population volontairement ou non, aveugle.

Le mélange de témoignages de femmes assises dans un fauteuil dans une pièce au fond noir, et d'images d'archives, ne gagne en rien à s'incarner par des reconstitutions souvent vaines et démonstratives, quand elles n'impliquent pas des acteurs souvent à la limite de la justesse. Touchantes, une à une, ces femmes, espagnoles, nièce d'infirmière, politicienne, juive hongroise, gitanes, racontent le sommeil à même le sol, les plages ou baraquements bondés, la promiscuité, le manque d'hygiène, l'humiliation, et surtout la stigmatisation de leur différence.

Mettant en avant l'impensable complicité des autorités, le film donne à voir d'ahurissants documents officiels incitant à l'antisémitisme, la propagande vis-à-vis des pays encore neutres, et les camps qui se vident soudain. Il illustre à merveille par ces paroles et ces images de l'époque, le fait que « personne ne pouvait imaginer ce que c'était qu'un camp », tout en s'obstinant à exprimer la révolte dans des scènes de reconstitution aussi dénuées de moyens qu'inutiles (le débat en montagne, le voyage en train puis en voiture...). On sort de là à la fois persuadé que « la France du quotidien ne voyait pas la France des camps », mais aussi que chacun aurait pu faire quelque chose... avant même que la résistance ne s'organise.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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