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LA DISPARITION D'ALICE CREED

Un film de J. Blakeson
 

Surprenant

Deux hommes, habillés en ouvriers, écument les élans d’un magasin de bricolage, chargeant leur caddie de nombreux rouleaux et ustensiles. Une fois revenus dans leur maison, ils recouvrent l’intérieur de leur camionnette de bâches en plastiques et capitonnent la chambre. Un beau matin, encagoulés, ils kidnappent une certain Alice. Elle a 20 ans…

Avec une ouverture détaillant les préparatifs minutieux de l'enlèvement à venir, sur fond d'une musique plus proche d'un bruit de chronomètre que d'une symphonie, ce film anglais commence comme un implacable thriller, entrant dans une dimension réellement angoissante avec l'enlèvement et les rituels qui entourent la détention de la jeune fille. D'apparence clinique, cette partie du film inquiète un spectateur qui se demande s'il va assister à un massacre, un viol ou d'autres tortures, comme par exemple dans "Kinatay" de Brillante Mendoza. Mais rapidement le ton change.

Mine de rien, le scénario nous embarque, grâce à de simples mais diablement efficaces rebondissements, vers des sommets de suspense, relativisant les rôles de chacun des trois protagonistes, changeant tour à tour de rôle. Les termes de "victime", "bourreau" et "complice" sont ici mis à mal, laissant le spectateur estomaqué par la dernière surprise en date. Restant toujours crédible, malgré un récit sur le fil du rasoir, ce quasi huis clos (l'action se limite à une chambre, une cuisine, un hangar et des bois), doit beaucoup à la qualité d'interprétation de ses trois acteurs, parmi lesquels on notera l'ambigu Martin Compston, déjà remarqué dans "Sweet Sixteen" de Ken Loach.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Ce thriller, premier film de J.Blakeson, se construit sous la forme d'un huis-clos où se mêlent les plans de trois personnages. Tour à tour, ceux-ci semblent avoir la situation bien en main, mais le hasard finit toujours par les rattraper. On assiste donc à un film tout en rebondissements. Certaines scènes tiennent vraiment en haleine et le réalisateur parvient même à faire rire le spectateur, malgré une base plutôt dramatique.

La psychologie des personnages est assez poussée, nous laissant dans le doute le plus total quant aux intentions réelles de chacun. L'interprétation de ceux-ci est donc plutôt réussie, malgré quelques détails auxquels on a du mal à croire. Mais le réalisateur a peut-être ainsi voulu accentuer l'étrangeté de l'ambiance du film : une ambiance oppressante, en parfait accord avec l'appartement étroit où les deux hommes ont élu domicile. Le film joue aussi beaucoup sur les silences, augmentant encore la pression.

Toutefois, c'est justement cette trop grande pression qu'on peut reprocher au film. L'histoire semble s'enliser et, à cause de son rythme un peu trop lent, on se demande si le réalisateur sait vraiment où il va... L'atmosphère risque parfois d'écraser littéralement le spectateur. Et même si cela s'avère délibéré de la part de Blakeson, on reste sur l'impression qu'il a peut-être voulu en faire un peu trop... Résultat : quelques fausses notes, mais un thriller efficace dans l'ensemble.

Eléonor Sclavis

Lycée Saint-ExupéryEnvoyer un message au rédacteur

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