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LA DERNIÈRE NUIT DE LISE BROHOLM

Un film de Tea Lindeburg

Une édifiante histoire d’émancipation à la fin du XIXe siècle

À la fin du XIXe siècle, dans un village de la campagne danoise, vit la jeune Lise, aînée d’une famille luthérienne, avec ses trois petites sœurs et ses deux petits frères. Elle est censée partir bientôt, pour pouvoir étudier, un projet que sa mère, enceinte, a toujours soutenu contre l’avis de son mari. Mais les complications lors de l’accouchement de sa mère pourraient bien contrecarrer ses espoirs…

La Dernière nuit de Lise Broholm film movie

Adaptation du roman A Night of Death de Marie Bregendahl (datant de 1912), "La Dernière nuit de Lise Broholm" ("As in heaven") est à la fois une histoire d'émancipation, de premiers émois, et un examen minutieux de la condition de la femme à la fin du XIXe siècle, dans une société encore ancrée dans l'agriculture. Son rôle se réduisait encore à travailler à la ferme et à pondre enfant après enfant. Car non seulement le nombre d'enfant dans la famille est déjà impresisonnant (6), mais le récit dévoile peu à peu le fait que certains dans la famille, ont en réalité été abandonnés du fait de la pauvreté, et d'autres ont été enterrés, car morts-nés o décédés du fait des rudes conditions de vie de l'époque. Le chiffre dévoilé d'ailleurs au détour d'une conversation, fait froid dans le dos, rappelant le fait que les femmes étaient alors loin d'être libres de disposer de leur corps, certaines communautés religieuses leur imposant finalement de véritables supplices.

Le film s’ouvre sur une très belle scène onirique, dans laquelle Lise se promène dans un champs de blé, comme libre, soufflant sur une fleur, et assiste à la formation d’un orage rouge… Un orage de sang, mauvais présage des événements à venir. De signes il sera ainsi question à plusieurs reprises, dans une micro société où la croyance a une profonde importance. La réalisatrice Tea Lindeburg, récompensée au Festival de San Sebastian 2021 par le Prix de la mise en scène, oppose avec intelligence les moments de liberté de la jeune femme (un flirt avec un garçon autour d’une broche qu’elle a volée, symbole de sa féminité s’affirmant, les jeux des enfants, plus jeunes…), au long et douloureux accouchement de la mère (des hurlements qui font froid dans le dos, du hors champ fort à propos, des discussions entre les anciennes…). Posant ainsi le peu de considération pour la Femme en général, ces scènes s’avèrent glaçantes, posant au passage la question de faire ou non intervenir le médecin. Un drame féministe, porté par une jeune actrice prometteuse (Flora Ofelia Hofman Lindahl, prix d’interprétation féminine à San Sebastian) qui tombe à pic en ces temps de remise en cause des droits des femmes dans certains pays, pourtant avancés.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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