Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

KNOCK

Un film de Lorraine Lévy

Une relecture fade et sans saveur malgré le numéro d’Omar Sy

Le docteur Parpalaid est fatigué de soigner sa clientèle aux soucis anodins. Il vend alors son cabinet au docteur Knock dont les méthodes sont peu orthodoxes. Car pour lui, toute personne en bonne santé est en réalité un malade qui s’ignore, le médecin compte bien rapidement faire exploser le chiffre d’affaires du cabinet. Jusqu’à ce que son passé le rattrape…

Lorsque Jules Romains imagine sa célèbre pièce de théâtre, "Knock ou le Triomphe de la médecine", il y voit le potentiel de décrier la manipulation des masses à une époque où l’omniprésence de la publicité commence à apparaître. En s’appuyant sur la figure hautement respectable d’un médecin, l’auteur pouvait à la fois laisser exprimer son sens de la comédie grinçante sans jamais s’éloigner de son discours revendicateur. La cinéaste Lorraine Lévy a elle décidé de se focaliser uniquement sur l’aspect humoristique du récit originel. L’arrivée du docteur Knock se fait dans le cadre bucolique des années 50, à une époque bercée par l’ivresse du « vivre-ensemble » et la joie de ne plus perdre ses enfants au front. Rapidement, son arrivée va s’accompagner d’une recrudescence de l’activité du cabinet, puisque l’homme a vite renié son serment d’Hippocrate pour appliquer une doctrine implacable : toute personne en bonne santé est simplement un malade qui s’ignore.

Malheureusement, tout le cynisme de l’œuvre de Jules Romains est ici effacé au profit d’une platitude scénaristique, où tous les procédés comiques reposent uniquement sur la performance d’Omar Sy. Dans ce monde édulcoré, où personne ne fait attention à la couleur de peau du praticien, ce Knock, jadis manipulateur, devient évidemment le bon samaritain du village dès qu’une belle jeune fille vient frapper à sa porte. Avec ce personnage moins machiavélique, l’adaptation se transforme en vulgaire comédie bon enfant, où l’on enchaîne les vannes convenues et les clichés sur un rythme nonchalant. Et ce n’est certainement pas le passé ténébreux du protagoniste qui viendra rajouter de l’épaisseur à un métrage terriblement insipide. Pendant presque deux heures, on doit ainsi uniquement se contenter d’un one-man-show de l’excellent Omar Sy. Mais même son talent et celui des nombreux seconds rôles ne suffiront pas à sauver le résultat…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire