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JOURNEY TO THE WEST

Un film de Tsai Ming-liang

Différence de rythme

Un visage d’homme immobile et en souffrance. Un moine bouddhiste en robe rouge qui se déplace au ralenti…

Après avoir remporté le Grand prix au Festival de Venise 2013 avec l'insupportable "Les Chiens errants", le réalisateur chinois Tsai Ming-liang nous revient avec un moyen-métrage relevant plus de l'œuvre d'art contemporaine que du documentaire. Cette expérience de seulement 56 minutes, semble d'emblée chercher à montrer la différence de rythme entre civilisations occidentale et orientale. C'est en tous cas la troisième fois que Lee Kang-sheng reprend le rôle du moine, après "Walking on the Water" (un des 6 courts-métrages qui composait "Letters from the South") et "Walker" (partie du film "Beautiful", présenté à la Semaine de la critique de Cannes en 2012).

Après un interminable gros plan sur le visage de Denis Lavant, avec pour seuls sons quelques bruits de gorge et sa respiration, nous aurons droit à près de 30 minutes de déplacements dans un ralenti simulé, d'un moine, dans la capitale provençale : Marseille. Les situations varient, des rochers du bord de mer à une montée d'escalier très fréquentée, en passant par le port, où l'auteur utilise le reflet dans l'ombrière en inox poli, qu'il inverse pour mieux nous donner à voir son personnage.

En choisissant, sur la fin, de faire se déplacer un occidental (Lavant) à la même vélocité, il semble indiquer notre potentialité de changement, face au malheur, ou à la perdition dans la masse (la ville qu'on peut aussi extrapoler, parabole oblige, au public du cinéma « mainstream »). Quant au dernier plan, reprenant le reflet dans le miroir que constitue l'ombrière marseillaise, mais cette fois-ci à l'envers, il prouve son efficacité quant à l'adaptation de notre propre regard à un changement de rythme, et notre propension à rechercher quelque chose ou quelqu'un de plus calme dans un monde foisonnant, agité, qui ne tourne pas forcément rond.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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