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JE SUIS HEUREUX QUE MA MERE SOIT VIVANTE

2ème avis: Dîtes lui que je l’aime

Thomas et François ont été abandonnés par leur mère quand ils étaient petits puis adoptés. Thomas, l'aîné, avait 4 ans au moment de l'abandon et en a gardé un traumatisme, des questions, des images floues... Il devient de plus en plus violent et provoquant envers ses parents adoptifs et il se met en tête de retrouver secrètement sa mère biologique...

Inspirés par des faits réels, Claude Miller et son fils Nathan ont posé leur caméra sur la souffrance silencieuse d’un petit garçon. Thomas n’a que 4 ans quand, placé dans un foyer d’accueil suite aux négligences de sa mère, il lui dit au revoir sans se douter qu’il s’agit d’un adieu. Une nouvelle famille, un nouveau prénom ne suffisent pas à effacer ses souvenirs. L’enfant devient triste, amer et fait le désespoir de son père adoptif qui sombrera dans la dépression. Une fois adulte, Thomas cache derrière une vie posée le besoin de retrouver celle qui l’a abandonnée. Il la retrouve élevant seule un nouvel enfant. Toujours aussi peu aimante, elle l’accepte chez elle, intéressée par le fait qu’il puisse s’occuper de son petit garçon. L’histoire se reproduit et Thomas continuera d’espérer jusqu’au jour où tout bascule.

Père et fils mettent en scène une dramaturgie posée qui, à l’image de son personnage principal, distille une émotion contenue. Une violence latente qui prend source dans une obstination discrète. Tant de retenue provoque irrémédiablement la haine quand l’amour se révèle définitivement absent. Un sujet complexe que les auteurs relatent avec pudeur. Ici pas de grands déchirements, ni d’éclats de voix, juste un œil qui brille, une larme qui coule.

Pilier du film, Vincent Rottiers (qu'on verra bientôt dans « A l'origine ») explose dans ce rôle taillé sur mesure. Son physique d’adolescent blessé souligné par son regard bleu acier incarnent à la perfection la fêlure du personnage de Thomas. Il est vrai qu’on a du mal à imaginer cet acteur dans une comédie légère. Néanmoins, son faciès ténébreux n’est que la façade d’un talent plus que prometteur. Constamment sur le fil du rasoir, il interprète ce rôle difficile avec une troublante sincérité. Chronique d’un drame sous-jacent “Je suis heureux que ma mère soit vivante” touche plus qu’il ne bouleverse, tel un exercice de style parfaitement maîtrisé.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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