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JALOUSE

Un grand numéro d’actrice pour un film inégal

Nathalie est une professeure de français aimée de ses élèves dans un prestigieux lycée parisien. Elle a également la chance d’être la mère d’une belle adolescente, danseuse émérite. Toujours séduisante, comptant de nombreux amis fidèles, Nathalie n’a rien à envier à personne. Pourtant, elle va devenir de plus en plus jalouse, d’abord de sa fille, puis de tout son entourage…

David Foenkinos est un romancier à succès. Son frère, Stéphane, est lui un directeur de casting réputé. Mais depuis "La Délicatesse", ils sont également cinéastes. Pour leur nouveau long métrage, les deux hommes continuent à explorer l’intimité féminine à travers un autre portrait aussi subtil que nuancé. Cette fois, il est moins question de tourments sentimentaux que d’un conflit existentialiste, celui traversé par une mère qui s’enfonce inéluctablement dans la rancœur et la jalousie.

Nathalie a une vie qui pourrait en faire rêver plus d’un : demeurant dans un appartement cossu de la capitale, elle enseigne le français dans un lycée prestigieux, et a même réussi son divorce. Si la quadragénaire n’a pas refait sa vie, elle peut s’enorgueillir de toujours plaire aux hommes et d’avoir à la maison une fille aimante. Et alors que la crise de la cinquantaine pointe son spleen et ses sauts d’humeur, elle va inexplicablement commencer à envier tout son entourage et en particulier sa progéniture. Car elle est jeune et belle. Parce que ses talents de danseuse braquent tous les projecteurs sur elle. Surtout, elle est tout ce que Nathalie n’est plus.

Avec bienveillance, les réalisateurs esquissent la dérive d’une femme dont la jalousie n’est que le reflet d’un mal-être bien plus profond. Abandonnée par sa fille qui préfère sortir avec ses amis et passer du temps avec un père qu’elle idolâtre, concurrencée dans son travail par une pétillante enseignante bourrée de bonnes intentions et médusée de voir son ancien conjoint dans les bras d’une femme plus jeune, la protagoniste explose. D’abord, par des petits épisodes qui prêtent au sourire. Puis, par des excès à la violence exponentielle, séquences par lesquelles la comédie dramatique va se rapprocher de plus en plus du tragique.

Si une certaine empathie se développe pour le personnage, c’est avant tout grâce à la prestation parfaite de Karin Viard, étincelante en tyran écorché. Malheureusement, le scénario plus décousu, avec ses artifices visibles et ses situations outrancières, ne rend pas grâce à la performance de la comédienne. Mais "Jalouse" dégage un sentiment rare d’authenticité, dont les grossièretés de l’intrigue ne viennent pas entacher l’humanité qui s’en dégage. Les frères Foenkinos confirment leur aptitude à dessiner des portraits complexes de femmes, même si le résultat manque ici un peu de maîtrise dans sa douce folie.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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