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ISPANSI

Un film de Carlos Iglesias

Ennemis intimes

En 1941, avec l'arrivée des allemands en Russie, des trains entiers fuient de Moscou vers Stalingrad. Parmi eux des espagnols accompagnant des centaines d'enfants qui avaient été envoyés en Russie afin qu'ils échappent à la guerre civile...

Le cinéma espagnol n'en finit plus d'exorciser les démons de la guerre civile. Entre 1937 et 1939, entre 3000 et 4000 enfants auraient ainsi été envoyés en Russie, devant plus tard fuir un autre péril : l'invasion allemande. D'autant que les allemands étaient alors alliés des troupes franquistes. Si le récit entamé par « Ispansi » émeut forcément par l'histoire de cette petite troupe dont on suit le convoi, en train ou en camions, dans les étendues enneigées, et leur incapacité à se poser réellement quelque part, il est difficile de se laisser aller tant la mise en scène classique s'avère sans surprise.

Ainsi la livraison d'emblée, au bout de quelques scènes, du secret de Paula, l'une des femmes du convoi, venue ici pour suivre son fils illégitime, apparaît d'une maladresse scénaristique presque improbable. Le long flash-back qui s'amorce alors nous livre tout, de son renoncement à un avortement clandestin, au rejet par sa famille franquiste qui ne comprend pas son dévouement pour les orphelins et encore moins son départ pour un pays communiste. Tout suspense est alors anéanti, les actions du frères pour la retrouver étant à peine exploitées (sauf dans un autre flash-back, tout aussi maladroit).

Si le film est indéniablement instructif du point de vue historique, il n'en reste pas moins d'une platitude globale, le jeu du chat et de la souris entre le commissaire politique du PC et la fausse militante étant plutôt exsangue de toute passion. Et même si les interrogations légitimes de la fin touchent forcément (est-il possible de rentrer au pays ? peut-on vivre avec l'ennemi ?...) certaines choses sont exprimées trop explicitement par l'héroïne dans les dernières minutes du film, sur la culpabilité des franquistes et de la religion, pour garder un niveau de finesse acceptable. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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