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INNOCENT SATURDAY

Un film de Alexander Mindadze

La vie continue

Un jeune membre du parti communiste russe, est confronté à l'explosion d'une tour de refroidisseur de Chernobyl, dont il apprendra rapidement qu'il s'agit en fait également d'un des réacteurs. Les autorités ne voulant pas créer la panique, elles décident de ne pas évacuer la ville voisine, laissant la population sortir à son grès, comme lors de n'importe quel samedi. Lui, sensé garder le secret, décide de n'avertir qu'une seule personne, une jeune femme qu'il aime en secret, pour s'enfuir avec elle...

Le début du film peut inquiéter quelque peu. En effet, le réalisateur de "V Subbotu" ("Innocent saturday"), Alexander Mindadze, use et abuse de la caméra à l'épaule, faisant ressentir au spectateur chacun des pas du protagoniste principal. Si tant d'instabilité semble au premier abord se justifier par l'état d'urgence dans lequel se trouve ce jeune homme, tentant de fuir le terrain de la catastrophe, l'ampleur des mouvements de balancier, donne sans conteste le mal de mer. Mais une fois le train manqué, ce qui devrait être une fuite, se transforme en un samedi presque comme les autres, où la catastrophe se rappelle à lui par moment, l'amour ou l'amitié le faisant à chaque fois revenir en arrière.

Film viscéral, épaulé par une formidable troupe de jeunes interprètes (de la petite amie aux ex-potes du groupe de rock), "Innocent saturday" permet à son personnage principal, isolé par sa fonction (et son devoir initiale du secret), d'enchaîner retrouvailles comme règlements de compte, tout en dévoilant au passage quelques sentiments, pour ceux qui sont ou on été ses proches. Jouant à merveille des contrastes entre les contextes professionnel et privé, l'auteur dépeint une Russie printanière, une jeunesse en décomposition, qui se réfugie aisément dans l'alcool, et que même une catastrophe de telle ampleur n'arrive pas à sortir de ses problèmes quotidiens liés à l'absence de moyens, aux libertés étouffées par l'emprise du parti omniprésent.

Au milieu des souffrances et de la panique, se dégage ainsi une sorte de douceur désespérée, une envie de revanche face aux coups du sort (à l'image de ce poing levé vers un cœur de réacteur éclaté qui ne laissera aucune chance à ceux qui ont dû s'en approcher). Et la vie continue. La fuite, envisagée à plusieurs reprises comme solitaire, ne peut finalement se passer des autres. Comme si l'auteur nous rappelle, comme à son héros, que l'important c'est la fille, les amis, ceux qui vous aiment malgré tout, et qui vous appellent avec un rien d'Ironie John Lenine... comme le chanteur...

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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