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IN HER SHOES

Un film de Curtis Hanson

Un moment de détente, certes, mais tellement surfait!

Rose est une avocate coincée et complexée, mais qui commence enfin à se sentir un peu désirable au moment où une aventure commence avec son supérieur. C'était sans compter sur l'arrivée de sa soeur Maggie, blonde, sexy et jeune, qui n'a jamais rien réussi à faire d'autre que profiter de ses charmes, et qui se fait virer de chez elle par sa belle-mère à la suite d'une énième dérive fortement alcoolisée. Le clash ne fait que commencer…

A cause d'un "L.A. Confidential" surestimé, Curtis Hanson bénéficie d'une réputation injustifiée dans l'industrie du cinéma. Il s'agit bel et bien d'industrie ici, tant il nous ressert une intrigue réchauffée avec des ingrédients stéréotypés et une réalisation formatée. On a beau rire de temps à autres, grâce à certaines répliques et passer un moment globalement détendant, on est bien obligé de constater les aspects souvent intrinsèques à ce genre de films: l'impossibilité de s'attacher véritablement aux personnages, l'absence quasi-totale de surprise, une cinématographie léchée et fadasse, une bande-son cul-cul la praline affligeante, et son lot habituel de morales américaines pleines d'auto-satisfaction prétentieuse, de naïvetés égocentriques et de remarques sophistiquées.

Avec des rôles aussi caricaturaux, Cameron Diaz et Tonie Colette s'en sortent néanmoins avec les honneurs, cultivant avec efficacité ce qu'elles ont déjà exploré maintes fois: la sulfureuse blonde écervelée pour la première ("Drôle de dames"…) et la moche complexée pour la seconde ("Muriel"…). En clair, rien de nouveau sous le soleil, sauf peut-être quelques (trop) rares séquences qui nous offrent une vision légèrement décalée du troisième âge américain. L'ensemble ressemble à n'importe quel film américain standard qui hésite faussement entre humour et drame. A force d'osciller entre deux tons, Hanson ne fait qu'effleurer chacun des aspects du film. Du coup, l'humour est inégal, le côté intimiste du drame fait à peine surface, et le film ne se forge aucune âme en s'étirant si vainement: une bonne demi-heure de trop est responsable d'un ennui sous-jacent qui finit par prendre le dessus sur la détente dans le ressenti général.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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